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« La recherche de cristaux est un loisir difficile. »

Bernard van Dierendonck, mercredi, 27. septembre 2023

On trouve souvent des cristaux dans les zones montagneuses ombragées et exposées aux chutes de pierres. C’est là que le guide de montagne Daniel Schmid préfère passer son temps libre. C’est lorsqu’il avance, trempé et sale, dans un four avec son piolet, son burin et ses moufles, qu’il vit le plus intensément.

Le mot « Strahlen » (recherche de cristaux, signifie aussi briller en allemand) a-t-il un lien avec le scintillement des cristaux ou le rayonnement de l’heureux découvreur ?

Lorsque je trouve une pierre particulière, par exemple un cristal avec de la fluorite rose aux reflets rouges, j’en ai la chair de poule. Et lorsque je montre ensuite cette merveille à la maison, je rayonne littéralement. Le mot « Strahlen » vient probablement de Suisse centrale et est dérivé du mot « Strahl » (rayon en allemand N.D.T). Mais sa signification exacte n’est pas très claire.

Qu’est-ce qui fait qu’une pierre te rend heureux ?

La qualité et l’esthétique sont importantes. Si la pierre est constituée d’une seule et fine dent ou même de plusieurs, elle est intacte et claire. Si des minéraux comme la fluorite rose, On trouve souvent des cristaux dans les zones montagneuses ombragées et exposées aux chutes de pierres. C’est là que le guide de montagne Daniel Schmid préfère passer son temps libre. C’est lorsqu’il avance, trempé et sale, dans un four avec son piolet, son burin et ses moufles, qu’il vit le plus intensément. l’hématite ou des roses de fer se sont cristallisés sur la surface, c’est incroyablement beau. Les « gwindels » sont également très spéciaux. Il s’agit de quartz superposés et légèrement tordus dans l’axe longitudinal.


Région du Grimsel : Daniel Schmid à la recherche d’un nouveau four.


Cherches-tu des cristaux pour les vendre ? 

Jamais je ne vendrai les plus belles pièces ! La recherche de cristaux est mon hobby et la vente n’est pas ma priorité. Actuellement, je ne participe pas à des bourses aux minéraux, mais je propose quelques pièces et pierres comme pendentifs sur mon site Internet ou dans la pièce des cristaux chez mes parents à Vals (GR). Ma collection de cristaux et de minéraux est bien plus importante pour moi. Dans mon atelier à la cave, je nettoie les cristaux en alternance avec de la haute pression et de l’eau jusqu’à ce que la dernière miette de terre ait disparu. Ensuite, ils trouvent leur place dans la grande vitrine à Vals ou chez moi à Wimmis (BE).

Ce loisir est tout sauf un sport fun ? 

J’ai bien sûr beaucoup de plaisir à chercher des cristaux, mais je me le représente très différemment d’un sport fun. C’est un hobby difficile et pour réussir, il faut de l’endurance et de la ténacité. Quand je suis allongé dans une fente, complètement trempé et sale, que je m’ouvre peut-être même les doigts et que je tremble de froid, c’est une vie intense ! Mais si le sac à dos est rempli de cristaux, le poids n’a pas d’importance. Quand je déballe les trésors devant mon père à Vals, que ses yeux se mettent à briller, ce sont des moments fantastiques.

Ton père joue un rôle important ? 

Oui, il m’a toujours emmené avec lui chercher des cristaux et m’a montré comment la roche fonctionnait, comment une veine de quartz devait se diriger par rapport au rocher pour, qu’avec un peu de chance, au bout de la veine, on tombe sur un filon, que l’on appelle communément « four ». Malheureusement, son âge ne lui permet plus de m’accompagner. C’est de lui que j’ai repris la tradition de mettre le premier cristal de la saison dans la poche de mon pantalon comme porte-bonheur. Et lorsque je me trouve devant un nouveau site dans une pente nord ombragée et exposée aux chutes de pierres, je repense souvent à son conseil de ne surtout pas risquer ma vie pour une pierre.


L’équipement de base pour la recherche de cristaux pèse environ 12 kilos.


Et suis-tu ce conseil ?

La plupart du temps – il considérerait certains de mes fours comme trop dangereux. En tant que guide de montagne, j’évolue souvent dans ce genre de terrain. Cela me rend donc plus expérimenté et je pense pouvoir mieux évaluer les risques. Avant de m’aventurer dans une nouvelle zone, je la scrute à l’aide de mes jumelles pour détecter les points d’impact de chutes de pierres. Si un versant de montagne est encore vivant, je renonce. En revanche, si les rochers d’un terrain escarpé sont recouverts de vieux lichens, c’est le signe que rien n’a bougé depuis longtemps.

Et quelle est l’influence du réchauffement climatique ?

Maintenant que nous sommes clairement en pleine crise climatique et que les glaciers fondent à une vitesse effrayante, de nouveaux fours apparaissent sans cesse. Dans ces régions, c’est une véritable ruée vers l’or pour les cristalliers. Ils réservent leurs fours en inscrivant leurs initiales et la date de leur découverte sur la roche ou en y déposant leurs outils. Pour ma part, j’évite ces hot sports et préfère chercher dans des zones parfois moins riches. Le réchauffement climatique rend aussi notre passion plus dangereuse. Les chutes de pierres sont plus fréquentes. Comme le pergélisol dégèle plus profondément et que la fonction de soutien de la glace des glaciers diminue, de nombreux versants perdent de leur stabilité.

On dit : « Qui aime la montagne, laisse ses fleurs ». Ne devrait-il pas en être de même pour les cristaux ? 

Les cristaux apparaissent avec l’érosion. S’ils parviennent à la surface, ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne soient détruits par un glissement de terrain ou une chute de pierres. Beaucoup des cristaux que j’ai trouvés seraient tombés sur un glacier et se seraient cassés – ce qui aurait été dommage !


Pas à vendre ! Un quartz fumé particulier de la collection de Daniel Schmid.


Les cristalliers sont donc des sauveurs de cristaux ? 

Pourquoi pas. Lorsque les cristaux sont récupérés, ils font partie d’une collection, sont vendus ou trouvent même le chemin vers un musée. Ils restent ainsi visibles et préservés pour la postérité. Mais bien entendu, la motivation première est de trouver des pierres aussi uniques que possible.

J’ai pu t’accompagner dans la région du Grimsel. Là, tu as dégagé un petit four à l’aide d’un piolet, d’un pied de biche, d’un marteau et d’un burin. Avant cela, ces cristaux étaient en réalité bien protégés de l’érosion. 

Oui, c’est vrai – mon raisonnement ne tient pas toujours la route.


Chez moi, à Wimmis, les cristaux sont nettoyés à haute pression.


Dans un four, vous ne taillez pas les pierres dans la roche ? 

Les cristaux « mûrs » sont souvent détachés de la roche mère. Dans la plupart des cas, nous pouvons les détacher délicatement, presque sans impact. Les cristalliers expérimentés n’enlèvent jamais les cristaux directement avec un piolet ou un burin. Cela les détruirait. S’ils sont encore fixés, soit nous les prenons avec la roche mère, soit nous les laissons en place. Les cristaux ne sont pas aussi durs que les diamants et sont assez fragiles. Pour le transport dans le sac à dos, j’enveloppe les cristaux dans du papier journal pour éviter qu’ils ne cassent ou ne se rayent.

Il semble même que des explosifs soient utilisés pour accéder à un four. 

Je ne suis pas fan des explosions, que j’utilise avec modération. Actuellement, dans un four de Vals, le passage est trop étroit pour progresser. C’est là que je vais faire sauter. Car derrière, se cachent certainement de magnifiques cristaux. D’autres sont moins réticents, mais il s’y passe malheureusement parfois les mêmes choses que dans les mines.

Cela n’a rien à voir avec le sauvetage de cristaux ! N’est-ce pas aussi condamnable que de sculpter des prises dans le rocher dans une voie d’escalade libre et de rendre ainsi possible un passage impossible ? Ne devrait-on pas interdire le dynamitage ? 

J’ai réalisé 95 % de mes découvertes sans explosifs. Une interdiction ne serait donc pas radicale pour moi. Il existe effectivement des communes qui interdisent l’utilisation d’explosifs pour les cristalliers. C’est compréhensible à mes yeux, car certains utilisent les explosifs de manière excessive.


Dans la region du Grimsel : pour trouver des cristaux, il faut savoir comment fonctionne la roche.



Si je trouve un cristal en montagne, puis-je simplement le prendre ? 

Oui, tu peux. Mais dès que tu es équipé d’outils, il te faut une patente, selon la région. Il y a aussi des vallées où la recherche de cristaux est interdite, par exemple dans le Gerental (VS) ou le Gasterental (BE).

Tu travailles comme guide de montagne. Proposes-tu des excursions de recherche de cristaux à tes clients ? 

Non, pour moi la recherche de cristaux est un hobby et un équilibre. J’apprécie la solitude, lorsque le soir, après avoir terminé mon travail, j’étends mon sac de couchage, je me prépare à manger dans mon bivouac et je rêve de montagnes, je me sens vraiment bien. Avec mes clients, je préfère aller vraiment « à la montagne », chercher pour eux la pente de poudreuse non tracée ou grimper avec eux une arête effilée. C’est aussi le cas pour mon programme de Bächli on Tour. En tant que guide de montagne, j’ai beaucoup à offrir à mes clients.

Comment ta partenaire perçoit-elle ton activité de cristallier ? 

Elle m’accompagne de temps en temps et se réjouit aussi d’une belle découverte. Comme elle a un emploi fixe, que nous avons deux enfants âgés de quatre et sept ans, que je travaille également comme mécanicien de précision pour une société audio et que je m’engage dans mon foyer, les jours consacrés à mon hobby sont une question de négociation. Elle me soutient dans ma passion, mais elle est aussi contente quand la première neige tombe à l’automne et que la saison de la recherche de cristaux se termine.

Passes-tu plus de temps à travailler comme guide ou à chercher des cristaux ?

 L’été dernier, le rapport a penché pour la première fois en faveur de la recherche de cristaux – or, il est intéressant de noter que mes trouvailles ont été moins importantes que d’habitude. Avec les cristaux, on ne peut pas forcer les choses. Malgré tout, mon grand rêve est de me consacrer exclusivement à la recherche de cristaux pendant tout un été.


Daniel Schmid

Guide de montagne et horloger de formation, Daniel Schmid (39 ans) vit avec sa famille à Wimmis (BE). Il est engagé en tant que guide dans le cadre du programme de courses Bächli on Tour

On peut acheter ses cristaux sur : tourenschmiede.ch/bergkristall-laden 

Des informations relatives aux excursions, aux patentes, aux interdictions ainsi qu’un code d’honneur sont disponibles sur le site de l’Association suisse des cristalliers et collectionneurs de minéraux et fossiles : svsmf.ch

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