Il y a quelques années, le géocaching était très à la mode. Pourtant, je n’avais encore jamais réussi à m’y intéresser. C’est d’autant plus surprenant que ce soit précisément cette tendance qui a contribué à ce que ma copine et moi vivions l’aventure suivante.
Nous avions fixé quelques jours de congé dans le but de partir en montagne. L’idée était de réaliser une course de plusieurs jours et de passer la nuit en cabane. Nous avions bien sûr prévu de vivre quelques aventures avec des sommets élevés, des flancs raides et des vues lointaines. La période que nous avions choisie, soit en octobre, était cependant un peu tardive pour une randonnée alpine, et de nombreuses cabanes avaient déjà fermé leurs portes.
Où pouvions-nous donc bien aller ? Quelques recherches s’imposaient. Nous avons trouvé quelques possibilités, mais toutes manquaient d’esprit aventureux. Puis j’ai lu un article sur le Trek du Kesch. Ce mot m’a immédiatement fait penser aux caches de géocaching. Partout dans le monde, on est à la recherche de la « cache suivante ». On pourrait presque parler d’une addiction. Nous avons donc décidé de réaliser le Trek du Kesch.
Du col de la Flüela à la Grialetschhütte, puis par le Scalettapass à la Kesch-Hütte et au pied du Piz Kesch. Ensuite, par le Fuorcla Pischa à la Chamanna d’Es-Cha, puis à l’Albulapass. Nous avons réservé les cabanes en sachant que la saison se terminerait juste après notre passage.
Nous y voilà. Nous partons de Davos en car postal pour rejoindre le Flüelapass. Le ciel est bleu et l’air limpide. Nous nous attendions à un peu de neige et à des températures fraîches. Selon le guide, il faut compter environ 4h30 jusqu’à la Grialetschhütte avec un crochet au Schwarzhorn, qui culmine à 3147 m. Nous nous mettons en route. Dès le départ, la neige est plus abondante que prévu ; mais après tout, nous randonnons sur le versant nord. Je me dis qu’il y aurait moins de neige plus loin. Nous continuons donc de bon cœur. Peu avant la bifurcation pour le Schwarzhorn, nous avons de la neige jusqu’aux mollets. Mais tout est bien tracé, le temps est fantastique et le sommet semble si proche. Nous croisons les premières personnes avec des raquettes. En effet, ça aurait été bien pratique. Au sommet, nous recevons un appel en provenance de la Chamanna d’Es-Cha pour nous annoncer sa fermeture en raison de la neige.
Peu à peu, nous réalisons ce que nos yeux et nos pieds savent déjà. Il y a beaucoup trop de neige. Bien plus que prévu. Nous pensions réaliser une jolie randonnée de quatre jours avec quelques névés çà et là. Mais nous commençons à nous demander si nous arriverons jusqu’à la cabane, si le Scalettapass est dégagé, si la Kesch-Hütte va elle aussi fermer, et ce qu’il adviendra si la tempête annoncée arrive plus tôt que prévu. Les choses se corsent. Mes pieds sont désormais mouillés et froids. La suite du chemin jusqu’à la Grialetschhütte n’est plus tracée. Nous progressons, de balisage en balisage, sur de vastes zones blanches. À chaque pas, nous craignons de nous enfoncer entre deux pierres recouvertes de neige. Et effectivement, nous nous enfonçons régulièrement jusqu’aux genoux et même jusqu’aux hanches. En jetant un coup d’œil à notre montre, nous devinons que nous avons à peine avancé. Dans des conditions normales, nous aurions dû arriver à la cabane il y a déjà longtemps. Mais devant nous, il n’y a que du blanc. Faire demi-tour n’est pas envisageable. Nous nous sommes tellement réjouis de cette course que nous progressons résolument. Par ailleurs, nous sommes bientôt arrivés au « point de non-retour ».
Après plus de huit heures, nous atteignons enfin notre destination. Nos chaussettes sont détrempées. Quant à nous, nous sommes gelés et complètement vidés de nos forces. Nous sommes les seuls hôtes de la Grialetschhütte.
Un peu plus tard, nous sommes confortablement installés dans la salle commune et dégustons de délicieux plats faits maison. Une fois de plus, nous remarquons que plus l’effort est soutenu, plus nous savourons l’instant qui suit ; plus nos pieds sont froids, plus la chaleur du poêle semble intense et plus nous sommes affaiblis, plus la nourriture est savoureuse. C’est un peu comme faire de la balançoire. Si l’on veut monter haut d’un côté, on doit prendre beaucoup d’élan de l’autre côté. Le bonheur en montagne est toujours plus intense lorsque l’on s’est donné beaucoup de peine pour parvenir à destination.
Le narrateur
Hannes Ebding vous conseille dans le magasin de Bâle. Vous voyez en outre régulièrement son nom apparaître sur nos médias sociaux.
Le prix du 8 décembre
Derrière la porte du jour se cache un livre Via Alpina (en allemand). Vous y trouverez de l’inspiration pour vos courses de plusieurs jours. Et peut-être serez-vous même tenté par la Via Alpina complète, soit 390 kilomètres, de Vaduz à Montreux ?
Malheureusement, ce prix a déjà été tiré au sort.
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