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Bon plan: Ski de haute montagne à l'Aiguille de la Tsa

Caroline Fink, jeudi, 09. janvier 2025

Telle une lance effilée, l'Aiguille de la Tsa se dresse dans le ciel d'Arolla. De près, elle se laisse apprivoiser et offre une escalade sur un excellent gneiss – suivie de nombreux virages dans la neige de printemps.

Chaussures de ski au pied, les mains sur le métal froid, nous grimpons les échelons des échelles verticales. Notre objectif : la cabane Bertol, perchée sur son éperon rocheux telle un nid d’aigle. Cette fois, l'ascension est plus facile que d'habitude : nous n'avons même pas entraperçu les deux premières échelles. En suivant la trace de montée jusqu'au dépôt de skis, nous les avons devancées sans les voir – il y a rarement autant de neige.

Le pendant de la pointe filigrane : en chemin vers la Cabane de Bertol, les randonneurs à ski regardent le Mont Collon, qui trône tout au fond du Val d'Arolla.

Quelques minutes plus tard nous nous trouvons sur la terrasse de la cabane. Dans notre dos, les pentes raides du Val d’Arolla d’où nous sommes partis et devant nous l’étendue blanche du glacier du Mont Miné. Autour de nous se dressent les pointes rocheuses telles que celles du Clocher de Bertol, de la Dent de Bertol ou des Douves Blanches. Celle que nous ne voyons cependant pas, est la pointe qui nous a fait venir jusque-là : l’Aiguille de la Tsa. Il s’agit d’une des plus belles aiguilles rocheuses des Alpes, se dressant toute en finesse vers le ciel. Elle est plus facile à gravir qu’il n’y paraît. Au printemps il est possible d’accéder à ski jusqu’au pied de l’aiguille et d’atteindre son sommet en trois longueurs.

Conditions hivernales en plein printemps 

Tous ceux qui sont déjà venus à Arolla ont vu cette aiguille. Tout comme ceux qui ont emprunté la Haute Route classique. Pourtant, peu de gens connaissent son nom. Un nom qui vient d'ailleurs du patois local et qui ne signifie rien d'autre que : l'aiguille du pâturage rocailleux à proximité des sommets. Pourtant, comme souvent, son nom a migré depuis la vallée vers les sommets. Dans les pentes dominant Arolla se trouve « La Tsa » – le pâturage rocailleux d'altitude ; plus haut, on trouve le Glacier de la Tsa et, au-dessus de celui-ci, notre Aiguille de la Tsa. 

Une fois sur la terrasse de la cabane Bertol, nous doutons un instant de notre projet : le soleil printanier brille certes de mille feux, mais les pics rocheux qui nous entourent sont recouverts d'une épaisse couche de neige. Des corniches et de belles quantités de neige fraîche les enveloppent d'un blanc immaculé. Même le gardien de la cabane secoue la tête alors qu’il se tient à nos côtés en regardant autour de lui : au lieu des légères précipitations annoncées, le dernier front froid a déversé 70 centimètres de neige fraîche, raconte-t-il. Plus tard, MétéoSuisse annoncera que dans la région d'Arolla, il est tombé en ce mois de mai presque trois fois plus de pluie et de neige que d'habitude.

Nous ne connaissons pas encore ces chiffres, mais il est clair que le lendemain, nous aurons affaire à une « ascension hivernale », même si le calendrier affirme le contraire. Et il est également clair que le passage qui part directement derrière la cabane et qui permet d’accéder à un col en traversant une pente raide est impraticable. La neige fraîche accrochée à la pente abrupte telle du velours blanc nous contraint à faire un détour : au lieu de monter directement, nous allons d’abord redescendre un peu en direction d'Arolla et rejoindre le col de la Tsa par des pentes un peu plus douces plus au nord.

Mais pour l'instant, nous nous asseyons à l'une des tables en bois de la cabane Bertol. Un joyeux brouhaha emplit la salle commune – la vaisselle s'entrechoque, les bols fument, les clients parlent et rient, tous les bancs et chaises sont occupés. C'est à la fois bruyant et sécurisant. Au cœur des hauts sommets du Valais central, la cabane est un havre de chaleur dans un monde de glace, de neige et de roche habité habituellement que par le vent et les nuages.

Dans un crissement de porcelaine

De prime abord il est surprenant que les alpinistes aient exploité la région très tôt. On y cherche en vain des montagnes célèbres à proximité. Cependant, la situation géographique était intéressante à l'époque, car le glacier du Mont Miné offrait un accès aisé à la Dent Blanche et au col de Tête Blanche. Et de là, on se trouvait rapidement au pied de la Dent d'Hérens, à Zermatt ou dans la Valpelline italienne. En 1897, la section neuchâteloise du Club Alpin Suisse CAS décida de construire une cabane au-dessus du col de Bertol. Au cours des décennies suivantes, elle a été agrandie et rénovée à plusieurs reprises, jusqu'à ce que l'actuelle cabane Bertol voie le jour en 1976. Elle a été conçue par Jakob Eschenmoser, la figure paternelle de tous les architectes des cabanes suisses du 20e siècle. Il a conçu et réalisé pas moins de 16 cabanes dans les Alpes suisses, dont la Domhütte, la Salbithütte ou la Albert-Heim-Hütte. 

Les échelles qui mènent du dépôt de ski à la Cabane de Bertol offrent un sprint final avant le café et le gâteau.

Nous passons donc la nuit dans un monument historique. Une chose nous frappe particulièrement lorsque nous nous couchons : la marque de fabrique d'Eschenmoser qui réalisait des cabanes polygonales, dans lesquelles les lits étaient disposés en cercle. Ce qu'il vantait comme « un maximum de volume pour un minimum de surface de façade » signifie pour les hôtes que les matelas trapézoïdaux offrent beaucoup de place pour les épaules, tandis que nos pieds sont serrés les uns contre les autres. Mais comme presque toutes les « cabanes Eschenmoser » ont été remises au goût du jour, nous apprécions la valeur nostalgique de la cabane Bertol. Ou du moins, nous essayons.

Lorsque nous sortons du refuge à cinq heures du matin pour nous rendre sur la terrasse, nous nous sentons néanmoins libérés. Nous respirons l'air froid et contemplons le glacier du Mont Miné, baigné dans la lumière froide de l'aube, tandis que les lampes frontales des premières cordées brillent dans son immensité comme des îlots de lumière dans une mer bleu clair.

Il est difficile de savoir ce que la journée nous réservera. Allons-nous parvenir à grimper sur des rochers enneigés jusqu'au sommet de l'Aiguille de la Tsa ? Nous mettons nos sacs à dos en espérant que nos efforts seront récompensés. Nous descendons les escaliers et les échelles jusqu'au dépôt des skis et glissons bientôt à ski un bout vers la vallée. On aurait envie de se boucher les oreilles tellement le gel de la nuit a transformé la neige en une céramique archi dure qui génère un boucan assourdissant au passage nos carres.

Ambiance matinale sur le glacier du Mont Miné - avec les plus hauts sommets du Cervin et de la Dent d'Hérens à l'horizon.

À la recherche de l’aiguille

Peu après, nous remontons derrière un éperon rocheux. Conversion après conversion, dans le froid du petit matin, nous atteignons le col de la Tsa par l'ouest – et non par l'est, comme l'aurait permis la montée directe depuis le refuge. Nous débouchons au col juste au moment où le soleil franchit les crêtes de l'imposante Dent Blanche. Devant nous se trouvent les vastes bosses du glacier de l'Aiguille, que nous traversons maintenant. Nous avançons pas à pas vers la chaleur de cette journée printanière, entourés de cristaux de neige scintillants, comme si nous traversions un champ de diamants. 

Nous passons d’une combe glaciaire à une autre et découvrons tout à coup devant nous une tour rocheuse. Nous nous arrêtons et nous nous demandons : est-ce elle ? Ou pas ? Un coup d'œil sur la carte et nous tombons d'accord : l'Aiguille de la Tsa se trouve bel et bien devant nous. Elle semble plus petite que prévu, comme si l’aiguille inaccessible s’était métamorphosée en un pic parsemé de marches et de vires en gneiss. Ce qui nous réjouit, c'est qu'elle est suffisamment raide pour être presque exempte de neige. Mais seulement presque – et c'est ainsi que nous grimpons en crampons. Nous nous accrochons aux prises, nous nous tenons sur de fines réglettes et traversons une dalle en tremblant. Nous contournons encore une fois l'arête, puis franchissons un bloc, poursuivons par une vire sur le versant nord, remontons par un dièdre et nous voilà au sommet. Ou plutôt : sur la plus belle aiguille rocheuse du Valais central.

Avec un décor de neige fraîche, l'escalade devient tout de même assez alpine.

Dans les premiers topoguides elle est désignée comme « obélisque » et figure déjà sur la carte suisse de 1862 comme Aiguille de la Za. Six ans plus tard, le 21 juillet 1868, les Messieurs Beytrison, Gaspoz, Quinodoz et deux Vuigniers – tous des guides de montagne locaux – réussissent la première ascension. Par leur propre initiative et sans clients. Lorsque, 156 ans plus tard, nous y sommes également, nous sommes étonnés de la place qu'offre le sommet. Nous posons les sacs à dos et regardons dans toutes les directions : le Val d'Arolla, le Val d'Hérens, la Dent Blanche, le glacier du Mont-Miné, le Mont Collon, le Pigne d'Arolla puis le Cervin et la Dent d'Hérens au loin.

Nous pourrions nous y installer confortablement, au-dessus du monde, mais nous ne restons pas longtemps. Le soleil printanier monte trop vite et brûle sur les pentes orientales sous le dépôt des skis. Nous descendons donc en rappel et ne tardons pas à rechausser les fixations des skis de randonnée. Juste à temps pour tracer les premières grandes courbes dans une neige revenue parfaite.

 A hurler de plaisir : sulz parfait dans de larges pentes dans la descente sur le glacier de Bertol.

Ski de randonnée en haute montagne, Aiguille de la Tsa, 3667m

Région
L'Aiguille de la Tsa est une élégante aiguille rocheuse dans les Alpes valaisannes située au-dessus d'Arolla. De près, elle semble plus petite que prévu et offre une escalade alpine dans le meilleur gneiss, après avoir accédé à son pied par des glaciers.

Course
Accès à la cabane : Arolla - Plan Bertol - Cabane Bertol CAS, PD+, 5h, 1340 m
Montée au sommet : Cabane Bertol - descente glacier de Bertol – montée au col de la Tsa -Aiguille de la Tsa, AD+, 750 m
Lorsque les conditions le permettent, il est possible de prendre le raccourci par une pente raide au nord-est de la cabane. Il permet d’économise environ 300 m de montée. Avec un départ très matinal il est possible de faire ce sommet à la journée. Ne pas monter à la cabane mais se rendre directement au col de la Tsa. 

Hébergement
Cabane Bertol CAS, 3311m, 027 283 19 29, www.cas-neuchatel.ch

Accès/Retour
En train jusqu’à Sion et en car postal jusqu’à Arolla, www.cff.ch

Carte
www.map.geo.admin.ch Carte nationale swisstopo (1:25 000) : 1347 Matterhorn

Littérature
Portail des courses du CAS, www.sac-cas.ch 


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