Nous
ne parlerons ni de stéréotypes ni de clichés. Chacun a ses propres habitudes et
attitudes vis-à-vis des sports de montagne, ce qui est une bonne chose.
Cependant, soyons honnêtes, l'univers de l'escalade regorge de types de
personnes que l'on rencontre encore et toujours. En voici un petit aperçu, à ne
pas prendre trop au sérieux.
Le hippie grimpant
Être sur le rocher signifie s’unir
avec la nature, fusionner avec le rocher. Lorsque le hippie grimpant enfile son
baudrier, c'est là sa principale motivation. Toutefois, pour être honnête,
n'oublions pas que l'amour de la nature pousse tout un chacun à
passer du temps à l'extérieur. Néanmoins, le hippie grimpant fait partie d'une
catégorie supérieure. De fait, il est toujours pieds nus, même lorsque la
température du sol s'approche du point de congélation. Son équipement, composé
principalement de produits en laine, est généralement spartiate,
rapiécé et décousu par endroits.
C'est un partenaire calme et amusant
qui ne prend pas au sérieux l'aspect sportif de l'escalade. Malgré – ou peut-être
grâce à – cela, sa technique sur le rocher est excellente.
Le groupe des hippies grimpants est
constitué d'un sous-groupe composé de personnes qui étaient effectivement des
hippies dans les années 60 et possèdent donc déjà quelques heures
de vol.
Fred
Beckey: L’authentique hippie grimpant (RIP).
L’accro à l'équipement
Non content de tout savoir au sujet
de l'équipement d'escalade, l’accro à l'équipement le possède également dans
son intégralité, s'étant toujours procuré le meilleur matériel dernier cri. Il
ne se présenterait jamais sur le rocher vêtu d'une unique paire de chaussures
d'escalade ; il existe, après tout, des modèles adaptés à l'escalade sur dalle
et d'autres plus efficaces sur les petits rebords dans les dévers. Même sur une
voie plaisir, l’accro à l'équipement préfèrera lester son harnais d'escalade de
dix kilos de dégaines plutôt que de manquer de matériel durant la
montée.
Il grimpe parfois avec des gadgets
que lui seul comprend, la plupart desquels n'apportant aucune réelle valeur
ajoutée. En aucun cas, il ne se rendrait sur le rocher avec de la magnésie standard
; seule la poudre de première qualité entre en contact avec ses mains. Son sac
à dos est constamment rempli d'objets non indispensables à la pratique de
l'escalade. Cela inclut généralement un équipement photo complet.
Et même si, de temps en temps, on se
moque de l’accro à l'équipement, c'est un partenaire d'escalade sociable,
toujours capable d'aider. La peau de vos doigts est abîmée? Le sauveur arrive les
bras chargés de pansements et d’onguents issus de son énorme trousse de
premiers secours. Vous avez oublié la brosse pour le passage-clé ? L’accro à
l'équipement est toujours prêt, disposant d'un équipement de nettoyage complet.
Vous ne savez pas exactement quelles nouvelles chaussures d'escalade vous
procurer? L’accro à l'équipement mettra ses conseils à votre disposition, car
il sait parfaitement quels fabricants convainquent avec quel modèle et quelle
nouvelle technologie d’adhérence.
L’accro à l'équipement dans son élément: recouvert
de matériel.
L'alpiniste hardcore
Il se sent chez lui au cœur des
montagnes les plus sauvages. Généralement, il grimpe uniquement les pointes les
plus époustouflantes plantées au milieu de nulle part. Plus les conditions sont
dures, meilleure lui semble l'expérience. Son visage est bronzé toute l'année.
Ses mains sont creusées de sillons. Il n'adhère pas vraiment au principe des
week-ends tranquilles dans les moulinettes car il n'est pas tout à fait
persuadé qu’une voie de moins de 10 longueurs constitue véritablement de
l’escalade. Si on ne grimpe pas clean, il est confus. Parfois, même
l'environnement lui semble étrange: il a l'habitude de grimper à une altitude
élevée et dénuée de végétation. A ses yeux, dormir sous tente représente un
luxe car il passe généralement la nuit dans un portaledge.
L'alpiniste hardcore vit parfois
dans un monde parallèle, en oubliant même le temps. Cependant, c'est un
excellent compagnon qui connaît les montagnes et leurs dangers, qu'il analyse
habilement. Et lorsqu'il lui arrive de venir limer ses ongles dans les
moulinettes, c'est généralement la personne la plus simple que vous ayez jamais
rencontrée.
L'alpiniste hardcore dans son habitat
naturel.
Le grimpeur torse nu
Le bloc incarne une manière spéciale de grimper. Pour de nombreux
alpinistes, la transition est fluide : ils passent aisément de la corde au
bloc. Pas le grimpeur torse nu. Le mot « escalade » n'existe pas pour
lui ; seul compte le bloc. Le grimpeur torse nu doit son surnom au fait
qu'une fois sur le rocher, il enlève sa chemise après maximum cinq minutes. Lui-même
ne sait pas vraiment pourquoi il agit ainsi. C'est un rituel, qui cache
probablement des raisons esthétiques. La chaleur ambiante explique à peine son
attitude dans la mesure où il porte généralement un bonnet en laine. Quoi qu’il
en soit, son style vestimentaire ne laisse pas indifférent puisqu’il grimpe
surtout en jeans serrés.
Cependant, l'apparence du grimpeur
torse nu ne suffit pas à le décrire. En effet, généralement, ce grimpeur semble
forcer la gravité. Il lui est difficile de se dépasser : à ses yeux, seul
compte le huitième degré de difficulté disposant d’aplats et de réglettes
auxquels les gens ordinaires ne peuvent pas se tenir. De plus, lorsqu’il n’est
pas en train de faire du bloc à Fontainebleau ou Magic Wood, on le trouve
accroché à sa poutre d'entraînement.
Lorsqu’il n'est pas physiquement
actif, le grimpeur torse nu encourage les autres grimpeurs. Son vocabulaire se
limite à « Allez! ». C'est précisément cette expression qui
fait la valeur ajoutée extraordinaire du grimpeur torse nu. Il parvient à tirer
le meilleur parti de ses copains de bloc et réussirait même à embarquer
l'alpiniste hardcore dans un projet de bloc.
T-shirt ôté, bonnet sur la tête,
allez!
Le nostalgique
Comme au bon vieux temps. Par
définition, le nostalgique est un peu plus âgé que les autres types de
grimpeurs. Avec lui, l'escalade a commencé dans une ère oubliée depuis
longtemps. Ainsi, il lui arrive parfois de rêver à cette période des chaussures
à clous et des cordes de chanvre. Peu importe où vous grimpez en sa compagnie, le
nostalgique connait toujours une histoire et une anecdote relatives à chaque
montagne et falaise. Il aime citer Wolfgang Güllich ou Reinhold Messner, qu’il
a, selon ses dires, côtoyé sur le rocher.
Sa tenue semble venir tout droit des
années 80 ou 90. Il connaît toutes les vidéos légendaires de Masters of Stone. A
ses yeux, le passé incarne quelque chose de meilleur, d’un peu plus réel. À
l'époque, la pratique de l’escalade représentait une forme de rébellion.
Toutefois, le nostalgique n'est en
aucun cas un casse-pieds. L’amour grandissant de nombreux jeunes pour
l’escalade le rend heureux. Cette manière de penser le rend sympathique et,
quoi qu’il en soit, les jeunes ont beaucoup à apprendre de la vieille
école.
La légendaire Lynn Hill
(ici avec un appareil photo exceptionnel).
Le planificateur
Beaucoup confondent le planificateur
avec l’accro à l’équipement. Il existe cependant une différence subtile résidant
dans le fait que l’accro à l'équipement est supérieur en termes de matériel,
tandis que le planificateur est le roi des préparatifs. Si on lui propose un
site d'escalade qu'il ne connaît pas encore, il campe devant l'écran des jours
durant et étudie des cartes. Avant de poser un pied sur une falaise, il connaît
chaque prise. Qu’il s’agisse de topos, de récits, de l’état de l’équipement ou
des types de roches : le planificateur se renseigne sur tout.
Là ne s’arrête pas sa préparation. En
effet, le planificateur sait exactement quand une averse pourrait commencer. Il
peut également dire où se trouvent les bistrots dans un rayon de 50 kilomètres,
sait exactement combien coûtent les parkings environnants et pousse parfois
même ses recherches approfondies jusqu’à interroger les habitants du coin au
sujet de la région.
Tout groupe d'escalade bien organisé
doit comporter un planificateur. Celui-ci vaut absolument son pesant d'or, même
s'il lui arrive parfois d’être irrité par ses collègues qui ne se sont pas
préparés à 100%.
Toujours équipé d’un topo: le
planificateur.
Le grimpeur en salle
Ce grimpeur fanatique gravit des voies
ou résout des problèmes de bloc au moins trois fois par semaine. S’entraînant depuis
des années, il grimpe bien et dans le septième degré de difficulté. Sa technique
sur les voies est parfaite et sa force remarquable. Il ne s’est néanmoins
jamais rendu sur un vrai rocher de sa vie, car il grimpe uniquement en salle.
Il ne le fait pas exprès. En effet,
pour une raison quelconque, quelqu'un l’a initié aux prises en plastique et, depuis lors, il est infecté par le virus de
l'escalade. Il ignore pourquoi il n'est jamais sorti. Jusqu'à ce que quelqu'un
le motive à entreprendre une sortie sur le vrai rocher, généralement suivie par
la grande dépression.
Le 7b de la salle est un peu trop difficile
à l'extérieur. Où faut-il placer ses mains ? Comment réellement construire un relais
et pourquoi ces itinéraires sont-ils soudainement deux fois plus longs qu’en
salle ?
Toutefois, personne n'est autorisé à
se moquer du grimpeur en salle, ne serait-ce que parce qu’il grimpe et fait donc
partie de la famille. En outre, il appartient à un groupe de grimpeurs n’ayant encore
jamais posé les mains et les pieds sur du vrai rocher ! Que ne donnerions-nous
pas pour revivre « cette première fois »?
Il est également facile de grimper sur du
plastique.
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