Le Bishorn, dans le canton du Valais, franchit nettement la barre des 4000 mètres, mais il a tendance à se faire oublier à côté de son sublime voisin, le Weisshorn. Pourtant, il a beaucoup à offrir : une ascension exigeante sur le plan physique, une cabane confortable sur le chemin et, surtout, un décor imposant. De plus, c'est parfait pour prendre son premier bol d'air en altitude.
Après avoir suivi avec succès un cours d'alpinisme, il faut maintenant acquérir de l'expérience pratique. Mais où aller ? Pour goûter pour la première fois à l'altitude de plus de 4000 m, il ne fallait pas que ce soit trop difficile techniquement. En même temps, il n'était pas question de faire une randonnée où l'on parcourt la plus grande partie du trajet en téléphérique. Lorsqu'on me demande si j'ai envie de venir au Bishorn, je réponds sans hésiter "oui, absolument" ! Je vois dans quoi je me suis engagé quelques jours plus tard, lorsque j'examine la randonnée de plus près. Accès à la cabane sur 1500 mètres de dénivelé - encore 900 jusqu'au sommet, puis tout redescend d'un coup dans la vallée. En haut ? C'est toujours un plaisir ! Mais la descente de près de 2500 mètres de dénivelé me fait un peu peur - et surtout à mes genoux. Mais il n'est de toute façon plus question de faire marche arrière.
Je me retrouve donc avec ma cordée, Claudio, David et Dario, au point de départ à Zinal (1675 m), dans le Val d'Anniviers, par une chaude journée d'août. Le chemin serpente d'abord à travers une forêt clairsemée, qui offre encore un peu de protection dans la chaleur, puis monte de plus en plus jusqu'à la Cabane de Tracuit, à 3 256 mètres. Après cinq heures de marche, nous atteignons la cabane magnifiquement située et nous nous offrons une part de gâteau maison bien méritée. La cabane n'a été rouverte qu'en 2013 et offre, en plus du confort moderne depuis la salle à manger vitrée, une vue panoramique impressionnante sur les sommets des Alpes valaisannes. Au dessert, après le dîner, les nuages se dissipent un instant et font briller les sommets du Zinalrothorn, de la Dent Blanche ou de l'Obergabelhorn au coucher du soleil.
Le réveil sonne peu avant 5 heures, mais la cabane est déjà remplie d'une agitation attendue et affairée. Endormi, je me force à manger quelques bouchées, puis je remplis rapidement le thé de marche et j'enfile le gstältli, et c'est parti. Dans l'ombre de l'heure bleue, on aperçoit les premiers sommets et à la lueur de la lampe frontale, nous faisons les quelques pas qui nous séparent du glacier Turtmann. Là, nous nous encordons et nous nous enfonçons en silence dans un trot régulier. Il fait peu à peu plus clair et bien que nous soyons loin d'être la seule cordée, les montagnes dégagent un silence respectueux.
Seuls les crampons crissent dans la glace, le cœur bat dans les oreilles et la respiration est régulière, presque méditative. Les sommets environnants s'illuminent sous la lumière du soleil levant, les couleurs passent du bleu, à des tons pastels pourpres, les montagnes s'illuminent de rouge, puis rayonnent d'orange. Les premiers rayons scintillent sur l'arête est, par laquelle nous montons parfois de manière assez raide. Après un passage clé pas trop difficile, nous avons réussi, nous sommes à 4153 mètres, le sommet du Bishorn. Le décor me coupe le souffle un instant, la vue est tout simplement immense. Devant nous se dresse l'arête nord du Weisshorn, qui est pour moi l'une des plus belles montagnes des Alpes. En face, le regard embrasse d'autres grands noms : Dom et Nadelhorn, le massif du Mont Rose avec la Liskamm et la Dufourspitze. Quelques photos, une gorgée d'alcool du sommet et nous redescendons dans la vallée. Les röstis de la cabane restent mon moment fort de la descente. Le sentiment de bonheur que j'éprouve en retirant enfin mes chaussures de mes pieds douloureux à la voiture n'a que peu d'importance par rapport à l'expérience du sommet. La semaine suivante, je suis donc accompagné d'un muscle persistant dans les jambes. Mes pensées reviennent sans cesse à ces moments inoubliables : le lever du soleil sur le glacier, les sommets lumineux, le moment de bonheur au sommet. Et je ne peux ni ne veux réprimer un sourire. Premier 4000 mètres ? Check ! Prochain sommet ? Déjà en cours de planification !
Accès
Le point de départ de la randonnée est Zinal (1675m) dans le Val d'Anniviers. De là, le premier jour, on traverse brièvement la forêt, puis un terrain de plus en plus alpin, toujours assez raide, d'environ 1 500 mètres de dénivelé jusqu'à l'objectif du jour, la Cabane de Tracuit (3 256 mètres). Celle-ci trône respectueusement sur une bande rocheuse, qui offre le seul passage d'escalade court mais assez facile et assuré de l'approche. Le refuge n'a été construit qu'en 2013 et est par conséquent très confortable. Le deuxième jour, nous partons tôt le matin par le glacier Turtmann situé juste derrière le refuge, d'abord sur un terrain plat et un peu crevassé en direction du flanc est, qui passe devant le sommet est, la Pointe Burnaby, et mène au plateau du sommet. La montée d'une longueur totale d'environ 900 mètres jusqu'à 4.153 mètres est techniquement facile et il n'y a qu'un court passage d'escalade de premier degré juste en dessous du sommet. Ensuite, il faut revenir dans la vallée en suivant l'itinéraire d'ascension sur environ 2.500 mètres de dénivelé.
Il est urgent de réserver des chambres à la Cabane de Tracuit. Il y a un dortoir de 24 lits, six chambres de douze places, ainsi que cinq chambres de quatre lits. La nuitée en demi-pension coûte 80 francs suisses pour les membres du CAS et 95 francs suisses pour les non-membres.
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