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Skyrun Bietschhorn 3934 m (arête W), avec Max

Chris Moser, dimanche, 30. mai 2021

Après avoir fait le Cervin 4478m l’année passée en mode skyrunning, je voulais faire de même cette année avec le Bietschhorn 3934m. Ce sommet fait à peu près partie de la même catégorie que le Cervin: 2500mètres de montée depuis le fond de la vallée, escalade exposée au 3e degré de difficulté, recherche parfois complexe de l’itinéraire. Max a tout de suite été partant pour ce projet, et nous trépignions d’impatience en attendant le jour J.

La motivation
Après avoir fait le Cervin 4478 m l’année passée en mode « skyrunning », je voulais faire de même cette année avec le Bietschhorn 3934 m. Ce sommet fait à peu près partie de la même catégorie que le Cervin : 2500 mètres de montée depuis le fond de la vallée, escalade exposée au 3e degré de difficulté, recherche parfois complexe de l’itinéraire. Max a tout de suite été partant pour ce projet, et nous trépignions d’impatience en attendant le jour J.

(Montée en direction de la Bietschhornhütte 2565 m)

La course
Puisque le premier train ne traverse le tunnel du Lötschberg qu’à 5h50, notre réveil n’est pour une fois pas très matinal. Il y a quelques semaines, j’ai en effet été privé d’une nuit de sommeil pour faire l’ascension de la Bernina 4049 m (Biancograt). Tandis que nous remontons le Lötschental, le Bietschhorn se dévoile petit à petit. Du ciel bleu à portée de vue, mais bien-sûr quelques nuages qui s’accrochent au sommet du Bietschhorn ! Mais ce n’est que le petit matin et le ciel a encore le temps de se dégager d’ici à ce que nous arrivions là-haut.

(L’objectif est à portée de vue.)

Peu après 6h30, nous partons de Ried au P. 1486. Nous effectuons une petite descente jusqu’à la Lonza, franchissons le pont et suivons le sentier de randonnée menant à la Bietschhornhütte à 2565 m. Cela ne fait qu’un peu plus d’une heure que nous sommes en route et nous n’avons pas encore besoin d’une pause. La sente et les balisages blancs nous permettent de rejoindre le Bietschjoch à 3174 m. L’heure d’une pause et d’un ravitaillement ont alors sonné. En plus, l’endroit est assez propice : au soleil et au chaud, avec une vue imprenable sur Mischabel et le Weisshorn, sans parler de la totalité de l’arête W du Bietschhorn (3934 m).

(Après le Bietschjoch (3174 m), il s’agit de franchir le Bietschgletscher. || L’arête W du Bietschhorn en profil)

Nous évoluons sur le Bietschgletscher en décrivant en arc de cercle vers la gauche en direction du contrefort de l’arête W. C’est tout juste faisable sans crampons. Si l’on souhaite éviter tout contact avec le glacier, il est possible de traverser le Schafbärg (3240 m). Au pied de l’arête W à env. 3150 m, nous déposons les bâtons et enfilons notre casque. Les choses plus sérieuses commencent.

(Départ de l’arête W || Recherche de l’itinéraire peu évidente sur cette arête complexe)

Au début, nous évoluons sur de gros blocs faciles jusqu’au P. 3408. Nous contournons les tours suivantes au S dans les éboulis et les rochers délités. Parfois, nous croisons des traces qui nous permettent d’être plus ou moins sûrs de l’itinéraire. De retour sur l’arête, nous sommes confrontés à d’autres tours effilées. Les escalader constituerait un grand défi. Nous devons également les contourner. Dans le versant S, nous voyons d’anciennes traces (dans la neige), mais cela nous semble trop délicat. Et notre décision s’avère être la bonne. Après avoir cherché une possibilité dans le versant N à l’ombre, nous trouvons effectivement quelques spits et des traces. Le tout est très confus et les topoguides n’en disent pas plus sur ce passage.

(Arête W avec beaucoup de vide sous les semelles)

À env. 3500 m, nous pouvons à nouveau rejoindre l’arête. Nous tâchons de nous souvenir de cet endroit pour la descente. Nous grimpons ensuite plus ou moins sur l’arête en direction de la tour grise. Dès lors, le rocher est nettement meilleur et l’escalade plus jolie. Nous suivons majoritairement l’arête tout en esquivant quelques difficultés sur le versant S (traces). Nous escaladons la tour grise (III), bien qu’il aurait été possible de la contourner à droite. Entre temps, nous rencontrons quelques guides avec leurs clients qui, grâce à un départ matinal, sont déjà à la descente. Mais nous sommes encore bien dans les temps ; il n’y a aucune raison de se précipiter. Nous avons prévu d’être au sommet (ou de faire demi-tour) à midi – ce que nous allons largement réussir.

(L’arête effilée après la tour rougeâtre)

(L’arête vue d’une autre perspective)

La tour rouge avec son passage clé (III) officiel est un pur plaisir et, contrairement à notre supposition, totalement inoffensive (la tour précédente s’est avérée bien plus exigeante). Les quelques mètres qui suivent la tour empruntent l’arête effilée et parsemée de quelques ressauts qui demandent une grande concentration. Nous débouchons ensuite sur le sommet N. Encore quelques mètres d’escalade facile pour arriver à la croix sommitale. Quelle montée ! Bien plus belle que ce que nous avions imaginé ! Les récits sur internet parlaient presque exclusivement d’un terrain délité sur l’arête W. Nous ne pouvons pas le confirmer, bien au contraire : ce fut une course extraordinaire !

(Dernier passage d’escalade avant le sommet N || arête sommitale)

Nous nous installons sur ce sommet sublime et profitons quelques minutes de la vue plongeante et du panorama splendide. La météo est toujours stable et les températures agréables. C’est pourquoi nous voulons prendre du temps à la descente. Nous grimpons sans corde jusqu’en haut de la tour rouge, puis sortons la corde, bien que les passages d’escalade ne soient pas spécialement difficiles. Malgré la corde, nous avançons à un bon rythme. La prochaine difficulté consiste à trouver le début du contournement des tours au N à env. 3500 m. Et voilà que nous partons trop tôt dans le versant N et que nous nous retrouvons immédiatement dans un terrain très délicat. Heureusement, nous remarquons rapidement notre erreur et la corrigeons en revenant sur l’arête. Quelques mètres plus bas, nous trouvons une sangle et, un peu plus loin, une queue de cochon signalant le bon début du contournement. Pour ce passage dans un rocher peu fiable, nous sommes soulagés d’avoir quelques points d’assurage entre nous.

(Impressions au sommet) Après avoir rejoint l’arête au P. 3408, nous rangeons l’équipement d’escalade et entamons le reste de la descente, nettement plus facile, jusqu’à notre dépôt de matériel au pied de l’arête W (cairns). Nous n’avons pas prévu de pause avant le Schafbärg (3240 m), que nous atteignons quelques minutes plus tard. Une fois de plus, le Bietschhorn, enveloppé dans un nuage, nous offre une vue spectaculaire avant notre descente en vallée. Avant d’atteindre la Bietschhornhütte, nous rattrapons le dernier guide de montagne (toujours avec son client au bout de la corde). Nous ignorons une fois de plus la cabane à droite et courons d’une traite jusqu’au fond de la vallée. Pour bien terminer la journée, nous avons bien-sûr mérité une récompense sous la forme d’une bière bien fraîche !

Conclusion
Le célèbre Bietschhorn est un sommet grandiose dont l’ascension par l’arête W vaut vraiment le détour ! De nombreux récits (négatifs) peuvent être trouvés concernant cette arête quelque peu délitée. Cela s’avère exact pour la partie inférieure, mais la partie supérieure offre un beau rocher d’escalade et un plaisir garanti. Somme toute, la partie délitée constitue moins d’un quart de toute l’arête.

L’arête W du Bietschhorn est parfaitement adaptée au skyrunning avec un équipement minimale. Il n’y que très peu de glacier et, selon l’itinéraire choisi, on peut renoncer aux crampons et au piolet. Moyennant les compétences techniques, l’arête peut être escaladée sans corde, même en chaussures basses. Il faut par contre s’informer sur les conditions, car les difficultés changent dès que de la neige ou de la glace recouvre l’arête.

Vu que nous ne disposions pas d’informations au préalable, nous avons décidé de partir avec des chaussures de montagne légères au pied et des crampons dans le sac. Ces derniers n’ont pas été utilisés. La montée sans corde était tout à fait possible. Pour la descente, la corde et les quelques points d’assurages se sont avérés très agréables.

Si l’on souhaite faire une ascension vraiment rapide, on peut gagner un peu de temps à la montée. À la descente, il est par contre conseillé de prendre le temps sur l’arête W. Nous sommes malgré tout très contents de notre performance : 4h45 à la montée, 8h45 pour toute la course.

(Bietschhorn 3934 m || La récompense bien méritée)

Données techniques

  •  Itinéraire : Ried - Nästwald - Bietschhornhütte - Bietschjoch - Bietschgletscher – arête W - Bietschhorn – arête W - Schafbärg - Bietschjoch - Bietschhornhütte - Ried 
  • Distance : 18,6 km 
  • Dénivelé : 2460 m 
  • Pouls moyen : 109 bpm 
  • Pouls max. : 137 bpm 
  • Ravitaillement : 1 gel, 3 barres énergétiques, 1 sandwich, 1 l de boisson isotonique, 0,5 l d’eau 
  • Équipement : chaussures de montagne légères et crampons, bâtons, casque, baudrier, corde de 30 m, quelques dégaines et mousquetons, dispositif de rappel, sangles et cordelettes, couverture de survie, petite pochette de premiers secours, appareil photo, lunettes de soleil, crème solaire, long pantalon de course, surpantalon fin, t-shirt, veste Gore-Tex, veste isolante, manchettes, gants, téléphone portable avec Swiss Map Mobile, carte imprimée, Suunto 9.
  • Terrain : 50 % chemins de randonnée, 50 % sans chemin (ou itinéraire alpin) --  

Les difficultés (compléments au topoguide Berner Alpen, 3e édition 2016)
Entre le P. 3408 et 3500 m : les deux premières tours peuvent être contournées dans le versant S par un pierrier et des rochers délités (quelques traces), avant de revenir sur l’arête. Les tours suivantes, effilées, sont contournées au N dans un rocher délité (traces, quelques spits et queues de cochon). Revenir sur l’arête à 3500 m.

  • Le contournement par le S serait plus facile, mais seulement s’il reste de la neige. En cas d’absence de neige, le versant S est plus délicat et dangereux !  
  • Rester sur l’arête jusqu’à la tour grise ou, de temps en temps, utiliser le versant S (traces).  
  • L’aiguille (tour grise ?) peut être escaladée (III, 1 spit) ou contournée par la droite (S) dans un rocher délité.  
  • La tour rouge est constituée d’un rocher solide et s’escalade assez facilement (III, spit). 
  • De la tour rouge au sommet N, l’arête est assez effilée et exposée, passages d’escalade en II, quelques spits.  

Horaire

  • Départ à Ried P. 1486 à 6h37 - Temps intermédiaire au Bietschjoch P. 3173 à 8h32 
  • Temps intermédiaire au pied de l’arête W (3150 m) à 9h04 - Arrivée au Bietschhorn 3934 m à 11h19 
  • Départ au sommet du Bietschhorn 3934 m à 11h33 
  • Temps intermédiaire au pied de l’arête W 3150 m à 13h39 
  • Arrivée au Schafbärg 3239 m à 13h55 
  • Départ du Schafbärg 3239 m à 14h10 
  • Arrivée à Ried P. 1486 m à 15h23 (68 min du Bietschjoch jusqu’en vallée)
  • Total avec pauses : 8h46
Remarques
  • Points de passage : klick (gpx Datei). 
  •  Topo : klick! Bietschhornhütte 2565 m: klick
  •  Strava : klick! Film : klick!

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