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Alliées en plastique

Christian Penning & Jürg Buschor, lundi, 14. novembre 2022

En randonnée à ski aussi, il vaut mieux savoir s’entourer ! Si des chaussures de rando ou de freeride bien adaptées promettent beaucoup de plaisir, des chaussures qui ne conviennent pas peuvent être sources de douleurs et de stress. Voici les éléments à prendre en compte au moment de choisir ses partenaires.

Les exigences posées aux chaussures de ski de randonnée sont très contradictoires. En effet, ces dernières doivent être le plus léger possible et offrir une grande liberté de mouvement à la montée. En revanche, à la descente, elles doivent pouvoir supporter des forces considérables et offrir au pied une stabilité élevée tout en permettant une certaine flexibilité. Le profil des exigences pouvant varier selon l’utilisation visée, l’achat de chaussures doit être précédé d’une évaluation précise des besoins. Selon Ernst Schärer, gestionnaire de produits en charge des chaussures de ski de randonnée chez Bächli Sports de Montagne, « les chaussures de ski de rando nécessitent un conseil approfondi. Dans un premier temps, il convient de clarifier le domaine d’utilisation principal des chaussures. En outre, la fréquence d’utilisation et les compétences du skieur jouent un rôle déterminant. » Schärer souligne également l’importance d’une combinaison de produits judicieuse, car toutes les chaussures de ski ne s’harmonisent pas avec toutes les fixations. « De plus, certaines combinaisons (entre un ski et une chaussure) sont plus pertinentes que d’autres. Nous renseignons les clients à ce sujet au cours d’un entretien personnalisé. »


Fit = fonctionnalité + plaisir

« Mais le client n’est vraiment satisfait que lorsque la chaussure s’ajuste parfaitement à son pied », déclare Schärer. C’est pourquoi, chez Bächli Sports de Montagne, dans un premier temps, nous mesurons le pied et l’évaluons visuellement. Présente-t-il des caractéristiques particulières, comme un ganglion, un hallux valgus, un cou-de-pied haut, un talon particulièrement large ou un pied plat ? Forts d’une vaste expérience, les vendeurs des magasins Bächli réalisent, avant l’essayage, une présélection parmi la trentaine de modèles à disposition. Une chaussure de ski de rando parfaitement adaptée offre d’énormes avantages : elle est confortable, n’occasionne, dans le meilleur des cas, aucune douleur ou aucun point de pression désagréable, aide à améliorer ses compétences et permet d’économiser de l’énergie afin de moins se fatiguer. La randonnée à ski devient ainsi très plaisante.



L’ajustement et le confort restent des sujets épineux pour nombre de skieurs. Ce fait repose sur un constat très simple : intrinsèquement, le pied humain n’est pas conçu pour faire du ski. Sa musculature et son ossature très flexibles sont parfaitement adaptées aux mouvements dynamiques, tels ceux de la course ou de la marche sur un sol mou. Aussitôt des chaussures de ski relativement rigides et obligatoirement conçues pour un pied standard enfilées, des tensions, des points de pression et des frottements se font sentir. Une chaussure de ski de randonnée bien choisie devrait permettre d’éviter ces désagréments.


La coque extérieure dure ne laisse aux fabricants de chaussures de ski de randonnée qu’une faible marge de manœuvre pour compenser les différentes formes de pied. Malgré un chausson thermoformable, tous les modèles ne s’ajustent pas à tous les pieds de la même façon, même si la pointure est la même. Les fabricants misent sur différents chaussants afin de satisfaire aux formes de pieds plus larges ou plus étroites. Le chaussant est un modèle de pied artificiel qui reproduit grossièrement la forme du pied. Or, la coupe des modèles de même taille et de même chaussant peut également varier fortement ; seul un essayage peut pallier ces différences. Si besoin, il peut aussi être utile d’ajuster la coque ou le chausson par le biais du thermoformage ou d’un traitement mécanique, tous deux proposés par Bächli Sports de Montagne dans l’ensemble de ses magasins. Cette offre est non seulement proposée lors de l’achat des chaussures, mais aussi après plusieurs mois, lorsque quelques randonnées à ski ont permis de déterminer les zones problématiques. « De nombreux problèmes peuvent cependant être résolus en choisissant les chaussettes appropriées, comme le démontre notre expérience », explique Ernst Schärer.


Ajustement : qu’est-ce qui importe ?

Une semelle intérieure stable constitue la base d’une chaussure de ski. Le pied est mieux soutenu et se fatigue moins. En outre, la transmission de la force s’améliore sensiblement. Un mauvais alignement des pieds peut également être corrigé, ce qui permet d’éviter les points de pression et les frottements. « Les semelles intérieures fabriquées en série sont généralement fines et instables », avertit Ernst Schärer. « Pour que le pied puisse tenir droit dans la chaussure, nous remplaçons généralement les semelles de série par des semelles standard de grande qualité ou des semelles intérieures ajustées individuellement. »


Un bon maintien du talon dans la chaussure est essentiel à l’ajustement du pied, sans quoi le risque de souffrir d’ampoules et de points de pression augmente. On aura, en outre, de la peine à conduire les skis avec précision. En revanche, la pointe doit offrir davantage d’espace. On doit encore pouvoir bouger légèrement les orteils. Cela améliore la sensibilité du pied et permet de guider les skis en finesse. Par ailleurs, une pointe spacieuse garantit une bonne circulation du sang et garde les orteils plus longtemps au chaud. La position du joint de raccordement entre la tige et la coque exerce une influence significative sur l’ajustement et la performance. Cette position devrait correspondre à la cheville. Si tel n’est pas le cas, les performances de conduite se trouvent compromises. Si le skieur exerce une pression vers l’avant, le mauvais alignement de la chaussure et de la cheville ne permettent pas une transmission efficace vers la pointe du ski. De plus, la flexion de la tige peut entraîner une déformation importante de la coque.


Flex et rigidité

Aucun autre aspect des chaussures de ski de randonnée n’est aussi controversé que la rigidité, soit le flex. Non sans raison d’ailleurs : de fait, des études ont montré que le comportement de flex pouvait nettement influencer la technique de conduite. Une chaussure de ski assume, en synergie avec la jambe, le pied et le ski, des fonctions similaires à la fourche d’un VTT. Elle remplit la tâche d’amortisseur et s’avère importante pour


le pilotage. Plus simplement, le flex incarne la rigidité supplémentaire que la chaussure de ski apporte au bas de la jambe lorsque l’on s’appuie contre la tige durant la descente (ou lors de la prise de carre latérale). Une coque plus dure transmet plus directement et plus rapidement au ski les impulsions du pied. Au niveau de la tige, chaque chaussure doit partir un peu vers l’avant. Cette flexion est importante afin de pouvoir fléchir la cheville dans les virages. Le flex doit être progressif. Autrement dit : plus le tibia pousse la tige et la languette vers l’avant, plus la chaussure doit opposer de résistance. Avec des modèles trop souples, des blessures au pied ne pourraient pas être exclues, notamment lors de fortes compressions et d’atterrissages après les sauts. Un flex suffisamment ferme permet donc de protéger la cheville et, ainsi, les ligaments, tendons et muscles. Selon la construction, les coques souples peuvent se déformer, occasionnant des problèmes, tels des pressions dans la zone du cou-de-pied. La dureté de la chaussure de ski doit correspondre au poids, à la puissance et au style de conduite du skieur, tout en étant adaptée au caractère et à la rigidité du ski. Cette règle s’applique également au choix des boucles, qui peuvent considérablement influencer la rigidité et la ligne de flexion en fonction de leur nombre et leur emplacement. Si la chaussure est trop dure, la cheville est bloquée et le skieur, assis en arrière, ne met pas assez de pression sur la spatule. Comme souvent dans la vie, il s’agit de trouver le bon équilibre. Pour ce faire, l’entretien de conseil dans l’un des douze magasins Bächli peut se révéler utile.



Des valeurs de flex difficiles à comparer

Bien que quasiment tous les fabricants de chaussures de ski de rando indiquent des valeurs de flex pour leurs modèles, ces dernières ne sont pas comparables, aussi bien entre les différents fabricants qu’entre des chaussures de ski alpin et de ski de randonnée d’un même fabricant. Des valeurs de flex élevées (généralement 130 pour les modèles sportifs) indiquent une rigidité plus élevée que celle des chaussures avec des valeurs plus faibles (flex de 100). La mesure des valeurs de flex diffère et n’est absolument pas standardisée. Pour approfondir le mythe du flex, l’Université technique de Munich (TUM) a développé un banc de test visant à déterminer des valeurs de flex comparables. Afin d’être en mesure de comprendre le comportement du flex par différentes conditions thermiques, les analyses ont été réalisées dans une chambre climatique de la TUM. Ainsi, les tests ont été effectués à 23° Celsius, comme dans un magasin, à 5° Celsius, comme lors de conditions printanières en montagne, et par moins 10° Celsius, comme dans des conditions hivernales. Ces tests permettent de déterminer la façon dont les chaussures durcissent par températures basses. En parallèle, la quantité d’humidité pouvant être absorbée par le chausson intérieur, la vitesse à laquelle il sèche ainsi que les valeurs d’isolation – qui constituent des facteurs décisifs pour le confort – ont été analysées. Les résultats des tests des modèles de chaussures les plus courants ont été transmis aux conseillers de Bächli Sports de Montagne afin de leur permettre de fournir des conseils objectifs basés sur des connaissances scientifiques récentes. De vastes connaissances et une riche expérience permettent d’éviter les mauvaises surprises au moment de tester ses alliées en plastique dans la neige.

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