Pour la première des quatre courses du jubilé Bächli, le département marketing a imaginé quelque chose de particulier : relier le magasin le plus au nord de la Suisse, à Bâle, et celui le plus au sud, à Contone, ainsi que celui le plus à l’est, à Coire, avec celui le plus à l’ouest, à Lausanne. C’est à l’intersection de ces deux lignes, c’est-à-dire au centre géographique de la « Suisse Bächli », que cette série du jubilé doit commencer.
En outre, cette petite expédition ne sera pas menée par n’importe qui : Sonja Züger, cheffe du rayon textile à Volketswil, Jonas Fischle, responsable du magasin de Pfäffikon et Ralph Strahberger, responsable du magasin de Kriens seront de la partie. Un bon choix, pourrait-on penser, car les tous les trois sont des passionnés de ski de randonnée. Pourtant, la course vers le « coeur de Bächli » a failli échouer à cause de la disponibilité des membres de l’équipe.
Le passage clé se trouve dans l’agenda
Les lignes reliant les magasins se croisent à un endroit parfait, à proximité du Sustenpass. Cette région de haute montagne est un eldorado pour le ski de randonnée. Au printemps, les sommets sauvages de la région sont très appréciés : Fünffingerstock, Giglistock, Gwächtenhorn ou encore le Sustenhorn, point culminant du massif.
C’est ce dernier que visait la première course du jubilé. Lors de la planification, il devient vite évident que cette randonnée très prisée est devenue beaucoup plus sérieuse ces dernières années. En raison du recul effrayant du glacier, des séracs instables menacent la partie inférieure de la voie normale, d’autres passages deviennent de plus en plus raides et les crevasses du plateau glaciaire toujours plus béantes.
Mais à peine le plan B est-il établi – une ascension moins connue et moins fréquentée par la Voralphütte et la Chelenalplücke – que nous sommes confrontés à un problème totalement inhabituel pour l’hiver 22/23 dans l’ensemble pauvre en neige. Les fronts froids se succèdent et un mètre et demi de neige fraîche tombe en haute montagne. Le danger d’avalanche est défavorable et il faut trouver un nouveau créneau. Trouver une période favorable devient le passage clé de la course, car lorsqu’on dirige des rayons ou même des magasins, on a naturellement un emploi du temps chargé, qui ne coïncide que très rarement avec les conditions en montagne.
Plan C : la course de deux jours devient une randonnée d’un jour et le rayon d’action autour du « coeur de Bächli » est légèrement étendu vers le nord. De plus, Remo Balterima, guide de montagne de Bergpunkt, complète l’équipe. Cet habitant d’Engelberg nous fait part de conditions d’enneigement étonnamment bonnes au Titlis étant donné un hiver si pauvre en neige. De plus, ce sommet est à peine plus éloigné du Sustenpass que le Sustenhorn initialement visé. Il respecte donc totalement le concept initial.
Titlis, que je t’applaudisse
Ce sera donc le Titlis. Depuis des décennies, ce sommet parsemé de glace et de roches fait partie des spots de freeride les plus connus au monde. Les freeriders ont les yeux qui brillent lorsqu’ils parlent du Galtiberg, du Laub, du Sulz, de Steintäli et de Steinberg – les « Big Five » du Titlis, cinq descentes de 2000 mètres de dénivelé absolument incontournables dans la région.
Par un samedi ensoleillé et exceptionnellement chaud pour une fin avril, nous nous préparons à descendre de la station supérieure du Titlis. Dans le ciel, de fins cirrus annoncent déjà la prochaine perturbation. Aujourd’hui, même le contrôle du DVA est positif : l’un d’entre nous avait apparemment déjà tiré un trait sur la saison et retiré les piles de son appareil pour la pause estivale. Heureusement, le guide de montagne prévoyant avait des piles de rechange avec lui.
Les premiers mètres de la descente sur le glacier du Titlis ne sont pas aisés. Bien que la dernière neige fraîche ne remonte qu’à un jour, le manteau neigeux est déjà entièrement labouré et nous oblige à adopter un style de descente rock’n’roll. Au bout de deux cents mètres de dénivelé nous traversons vers des pentes plus isolées. La neige n’y est certes pas aussi meuble qu’en plein hiver, mais grâce à nos larges skis, nos virages sont rythmés et le plaisir nous gagne. Après sept cents mètres de dénivelé, nous freinons pour mettre un terme à cette première descente. Au pied du Reissend Nollen, nous collons les peaux pour entamer la deuxième partie de notre course : la montée au Wendesattel qui culmine à 2777 mètres d’altitude.
Pendant la saison, lorsque le télésiège du Jochstock fonctionne, cet itinéraire est très fréquenté. Ce n’est pas étonnant, car dans ce terrain exposé nord-ouest, les conditions sont souvent très bonnes et accessibles en une petite heure de montée depuis l’arrivée du télésiège. Il ne faut néanmoins pas sous-estimer cette petite rando. Comme l’itinéraire passe par un terrain escarpé et accidenté jusqu’à 35°, il est qualifié d’« assez difficile » (AD) sur le portail des courses du CAS.
Fin avril, les remontées mécaniques ne fonctionnent plus et pour nous le dénivelé sera plus conséquent. Nous suivons la trace en direction du Wendesattel dans une pente immaculée. Remo, le guide de montagne, raconte : « Juste au-dessus de l’arrivée du télésiège du Jochstock, il y a un passage que nous appelons ‘Hillary-Step’. » La plupart du temps, un ressaut rocheux entrave la progression et nécessite de le franchir à pied, comme le passage clé à l’Everest. Cela promet des positions photogéniques, mais il n’en est rien : l’abondante neige fraîche a complétement recouvert le passage clé et nous franchissons le « Hillary-Step » sans difficulté notable, les skis aux pieds.
Plus rien ne s’oppose à la poursuite de l’ascension de notre « Everest » du jour. L’objectif n’est certes pas un sommet, mais un col d’environ 300 mètres de large. La tour rocheuse marquante qui sert de point culminant n’en est ma foi que plus impressionnante. À l’est et à l’ouest, le Wendesattel est délimité par les imposants sommets du Reissend Nollen et du Chly-Wendestock. Vers le sud, on jouit d’une vue plongeante sur Gadmen et sur le véritable « coeur de Bächli », l’univers dentelé des sommets et des glaciers entourant le Sustenpass.
On se dit brièvement que, pour une course de jubilé, cette randonnée est un peu modeste par rapport au plan initial, l’ascension du Sustenhorn. Mais notre plan C est parfaitement adapté à la formule 3x3, c’est-à-dire « les conditions, le terrain et le facteur humain » et nous en tirons le meilleur parti possible en cet hiver difficile.
La descente gagnante
Après le pique-nique – Jonas préfère les gels énergétiques et
Ralph ne sort jamais sans un sandwich avec de la mayonnaise
et de la viande séchée – nous dépeautons les skis et calculons à
nouveau les données de cette course. Il en résulte un excellent
rapport descente/montée de presque 3:1. Les mètres de descente
dépassent même ceux du Sustenhorn !
Plus tard, alors que nous examinons, les cuisses brûlantes,
nos belles traces de descente dans la partie parsemée
de rochers, je dis à Remo : « C’est une trace intelligente ! » « Tu
es sûr ? » grommelle le montagnard d’Engelberg dans sa barbe,
« reste à discuter à quel point cette descente était intelligente par
ces températures exceptionnellement chaudes ».
Ici, tu apprendras tout sur les 50 années impressionnantes de l'histoire de Bächli Sports de Montagne.
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