Les sangles et les cordelettes se composent de fibres très techniques. Kevlar, nylon ou Dyneema - il peut être parfois difficile de s’y retrouver dans la jungle des matériaux utilisés. Et les fausses informations circulent très rapidement. En particulier sur le Dyneema, victime à tort d’une mauvaise réputation.
La seconde moitié du siècle dernier a été marquée par des innovations techniques, également dans le monde des sports alpins. Les chaussures à clous ont fait place aux chaussures de montagne modernes, les membranes high-tech ont remplacé les lourdes vestes en coton et la corde en chanvre, préoccupante au regard de la sécurité, a disparu au profit des matériaux chimiques. La compréhension de ces matériaux complexes requiert des connaissances approfondies. Il n’est dès lors pas surprenant que certains d’entre eux suscitent scepticisme et méfiance. Les sangles en Dyneema en sont un exemple criant.
Lisses et ultrafines : depuis que les sangles en Dyneema sont sur le marché, elles se trouvent dans une position difficile. Peut-on nouer correctement ces trucs ? Elles sont si fines qu’elles se rompraient immédiatement en cas de chute ! Et de toute manière, le Dyneema fond probablement très vite et est rapidement détruit par les rayons UV. Des idées de ce genre, sans fondement scientifique, circulent dans le milieu de l'alpinisme. Et un grand nombre d’entre elles ne correspondent pas à la réalité.
Cours de chimie
Qu’est-ce que le Dyneema ? Ce nom a été donné par l’entreprise néerlandaise DSM. Le matériau lui-même se compose de fibres de polyéthylène, tissées de façon extrêmement dense, afin d’obtenir un produit léger et peu encombrant. Le Dyneema doit sa surface lisse à ces fibres fabriquées de manière chimique – à propos, la raison principale pour laquelle les sangles sont blanches, c’est que ce matériau se colore difficilement. Il ne peut en outre s’acheter que sous forme cousue.
Voilà tout ce que les non-initiés ont besoin de savoir sur ce matériau. Le Dyneema est – comme n’importe quelle autre fibre chimique – un produit high-tech dont la compréhension nécessite de grandes connaissances techniques. Ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur ce thème trouveront une liste de liens à la fin de cet article.
Qu’est-ce qui tient, qu’est-ce qui casse?
Le Dyneema comme risque pour la sécurité : les inquiétudes sont justifiés, car sur le rocher, les matériaux fragiles font face à une tolérance zéro. Vis-à-vis du Dyneema, elles sont cependant infondées. En effet, des tests pratiques ont prouvé que les sangles en Dyneema font tout aussi bien l’affaire que leurs pendants en nylon ou en Kevlar.
Ces sangles se nouent parfaitement et les nœuds d'attache y tiendront très bien.. Ce n’est que lorsque l’on noue ensemble deux sangles en Dyneema que leur surface lisse peut poser problème. Mais cette utilisation n’est pas très réaliste puisque, comme mentionné plus haut, elles ne se vendent que cousues.
Pour des chutes sur sangles en dyneema, c'est un peu différent. Le matériau rompt rapidement. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce n’est pas le matériau en lui-même qui est déterminant ici, mais bien le fait que les anneaux de sangle statiques ne soiet pas conçus pour absorber des chutes dynamiques. Le nylon, le Kevlar, etc. se romperont de la même manière. Les différences dans les limites de résistance sont minimes. Et même si une sangle devait résister à une chute, les forces qui agissent sur le corps lors d’un tel choc peuvent être désastreuses.
Pour le frottement – et la fonte qui s’ensuit – c'est le même principe. Dans ce domaine aussi, la différence de comportement entre le Dyneema et les autres matériaux est minime. Idem pour l'exposition au rayonnement UV.
Les critiques à l’encontre du Dyneema viennent donc souvent d'une fausse approche. Le problème ne concerne finalement pas le matériau, mais l’utilisation et la manipulation des sangles et cordelettes statiques. En clair : éviter à tout prix les charges dynamiques ainsi que les frottements et adopter une attitude conservatrice vis-à-vis des matériaux exposés en permanence à la lumière du soleil.
S’il peut être passionnant de s’immerger dans le domaine des matériaux très technologiques, cela ne suffit pas forcément à se faire une opinion. Car les rumeurs circulent malheureusement bien trop vite et survivent bien trop longtemps – les hypothèses théoriques se transforment rapidement en constatations très éloignées de la pratique.
En bref : bien que les sangles en Dyneema, fines et lisses, puissent susciter des craintes, elles savent convaincre par leur faible poids et leur encombrement minimal, à condition qu’elles soient correctement utilisées.
Il n'y a pas encore de commentaires sur cet article.
Ecrire un commentaire