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L'escalade sportive en mutation : des rochers suisses aux Jeux olympiques

Alex Wydler, lundi, 29. juillet 2024

Grâce à son admission aux Jeux olympiques, l'escalade sportive a fait un énorme bond en avant pour sortir de sa niche. Mais quelles sont les conséquences de ce changement pour les athlètes, les entraîneurs et la scène suisse de l'escalade ?

L'intégration de l'escalade sportive dans le programme olympique marque une étape importante dans l'histoire de notre discipline. L'escalade sportive a longtemps été un sport de niche, pratiqué en Suisse principalement sur des rochers naturels et, depuis une trentaine d'années, de plus en plus dans des salles d'escalade. Avec son introduction aux Jeux olympiques, l'escalade a toutefois pris une nouvelle dimension. Soudain, les athlètes se retrouvent sous les feux de la rampe d'une scène mondiale et le sport reçoit une attention sans précédent. Cette reconnaissance n'apporte pas seulement de nouvelles possibilités, mais aussi de nouveaux défis. Mais que signifie cette étape pour les athlètes, les entraîneurs et la scène de l'escalade suisse dans son ensemble ? Et sommes-nous prêts à suivre les changements rapides de notre sport ?

De l'entrée dans l'élite mondiale 

Aujourd'hui, le recrutement de jeunes athlètes commence très tôt. Alors qu'autrefois, on ne commençait souvent à grimper en compétition qu'à l'âge de 12 ans ou plus tard, cela ne suffit plus guère aujourd'hui pour accéder à l'élite mondiale. Si l'on considère le parcours d'un athlète depuis ses débuts jusqu'à sa possible participation à une coupe du monde, celui-ci dure aujourd'hui bien 12 à 15 ans, accompagné d'une augmentation continue de l'intensité de l'entraînement et des heures d'entraînement dès le plus jeune âge. Pour les jeunes, cela signifie renoncer à beaucoup de temps libre et de liberté, chercher très tôt un environnement d'entraînement professionnel et subordonner l'école au sport, ou du moins trouver un équilibre optimal. Dès le début, les jeunes athlètes doivent faire de grands sacrifices pour atteindre leurs objectifs et avoir une chance de s'imposer au niveau international. 

Flavia Ghilardi (U14,) alexwydler.training Team, dans une voie de lead 8a dans la salle d'escalade Griffig (Photo : Alex Wydler)

Lorsqu'un talent de l'escalade a franchi le cap de l'adolescence et peut prendre le départ au niveau international parmi l'élite, le jeune est confronté à une autre décision importante : doit-il mettre sa formation et sa carrière professionnelle au second plan et donner la priorité correspondante au sport, ou plutôt à l'entraînement ? Une pratique semi-professionnelle et professionnelle du sport sera indispensable pour progresser. Cela signifie souvent que les athlètes de la relève doivent accepter de grandes privations pour réaliser leurs rêves sportifs, en renonçant à un avenir professionnel stable et en optant plutôt pour le grand risque du sport de haut niveau - sans avoir la moindre garantie de succès (et de survie). 

L'armée suisse offre ici une bonne possibilité, puisqu'elle peut offrir à certains sportifs de haut niveau une vague base de vie avec l'école de recrues pour sportifs d'élite, puis avec le service militaire contractuel. Mais ceux qui ne peuvent pas profiter de cette possibilité sont souvent livrés à eux-mêmes et doivent s'efforcer de trouver des sponsors supplémentaires sur une base privée pour assurer leur survie. Il n'est pas possible de vivre uniquement de l'escalade. 

Les conséquences sur les entraîneurs et l'entraînement

Avec l'essor de l'escalade sportive, les exigences en matière d'entraînement et d'entraîneurs ont également radicalement changé. Du hobby à l'entraîneur professionnel, telle doit être la devise. C'est la seule façon de satisfaire nos jeunes talents. Dans ce contexte, la formation et le perfectionnement occupent une place centrale, tout comme la manière dont nous acquérons des connaissances et évaluons leur qualité. Il existe une abondance de littérature d'entraînement spécifique à l'escalade, mais elle manque souvent de spécificité, car elle n'est pas basée sur des preuves et ne tient pas suffisamment compte des besoins du sport de compétition ou de haut niveau.

Des questions sur l'augmentation de la force maximale des fléchisseurs des doigts sont aujourd'hui discutées par milliers dans les médias sociaux, alors qu'autant de protocoles d'entraînement circulent. Mais dans l'escalade de compétition moderne, ce n'est plus vraiment la question centrale. Aujourd'hui, il s'agit plutôt de savoir comment, dans un environnement en constante évolution (c'est-à-dire la compétition), on peut faire appel à des schémas de mouvements stables qui se déroulent de manière économique tout en étant orientés vers un objectif.

L'orientation de l'entraînement des jeunes est également plus profonde. Nous devons nous efforcer de penser en cycles plus longs - pas seulement d'une année à l'autre, mais dans des plans sur 5 ou 10 ans ou, mieux encore, en tenant compte de l'ensemble de la carrière sportive. Le développement des performances à long terme doit être l'élément central de l'entraînement des jeunes. Il est essentiel de passer d'une large palette de mouvements à une spécialisation. Les heures d'entraînement se déplaceront aussi de plus en plus vers la salle de musculation, où il faudra travailler de manière ciblée sur la capacité de charge - non seulement pour améliorer les performances, mais aussi et surtout pour prévenir les blessures.

À gauche : Louis Guignard (Elite) dans la salle de musculation. A droite : Julien Clémence (Elite) lors d'un entraînement au Minimum Leutsch de Zurich. (alexwydler.training Team, photos : Alex Wydler)

Nous, les entraîneurs, sommes aussi de plus en plus confrontés à des questions et à des problèmes éthiques. Cela n'est pas seulement dû au fait que d'autres disciplines sportives ont davantage attiré l'attention des médias sur le sport de compétition en raison d'un mauvais comportement, mais aussi au fait que dans le sport de haut niveau, nous évoluons sur une corde raide et devons constamment repousser les limites pour pouvoir exploiter pleinement notre potentiel de performance. Il devrait être clair que la charte éthique de "Swiss Sport Integrity" et de Swiss Olympic ne représente que les normes minimales. Nous devons nous efforcer de transmettre des valeurs qui vont au-delà de ces normes et qui ne visent pas uniquement à "gagner à tout prix".

Conclusion : il est indispensable de professionnaliser l'activité d'entraîneur et l'environnement d'entraînement. Le développement des performances à long terme et le bien-être des athlètes doivent être au centre des préoccupations.

La scène suisse de l'escalade sous la loupe

Dans l'esprit de beaucoup, la Suisse est une nation d'escalade, tout comme elle est considérée comme une nation de ski. Pourtant, un regard au-delà des frontières montre que nous sommes un pays en développement pour l'escalade à bien des égards. L'image que nous avons sous les yeux ne correspond souvent pas à la réalité. Certes, par le passé et encore aujourd'hui, nous avons pu miser sur des performances individuelles comme Petra Klingler et Sascha Lehmann, qui assurent régulièrement des résultats de premier plan au niveau international, mais nous manquons de largeur au sommet. Nous devons pouvoir répartir la charge sur plusieurs épaules, sinon nos athlètes de haut niveau en souffriront. 

Pour être plus largement représentés au sommet, nous devons améliorer les conditions d'entraînement dans nos salles d'escalade et de bloc. Le sport de compétition et de haut niveau a besoin d'une place fixe dans nos salles, sinon nous ne pourrons pas nous développer. Un échange entre les constructeurs de voies et les responsables de l'entraînement ainsi qu'une collaboration entre les propriétaires de salles et les groupes d'entraînement sont absolument nécessaires. Nous devons penser de manière plus internationale et collaborer au-delà des frontières nationales, car l'écart entre la "construction de voies commerciales" et la compétition ne cesse de s'accroître. Il est donc important de comprendre que les jeunes athlètes qui s'entraînent aujourd'hui dans nos salles d'escalade ne trouveront plus guère de défis dans nos salles d'ici quelques années. Sans une communauté d'escalade forte, il n'y aura pas de développement. Nous avons besoin d'un large soutien et de compréhension pour nos demandes dans nos "salles à domicile". Une approche commune est le meilleur moyen, car sans sport de pointe et de compétition, il n'y a pas de sport populaire sain. 

Cadre d'escalade du Vorarlberg au Minimum Leutsch de Zurich (photo : Alex Wydler)

Voulons-nous vraiment du sport de compétition en escalade sportive?

C'est probablement la question centrale que nous devons nous poser. Tout comme nous exigeons de nos athlètes un engagement de 100%, il ne peut pas non plus y avoir de "oui, mais". Le sport de compétition et de haut niveau exige un engagement presque sans compromis de la part de nos athlètes et notre système doit être à la hauteur. Nous devons créer des perspectives : pour les entraîneurs, la possibilité d'exercer leur activité en tant que profession et donc de recevoir une formation correspondante, et pour nos athlètes, des garanties qui leur offrent plus de stabilité et de réelles perspectives s'ils décident de poursuivre une carrière sportive.

Il est crucial que nous : 

● créer les meilleures conditions d'entraînement possibles à tous les niveaux,
● favoriser une collaboration plus étroite avec le monde scientifique et les échanges internationaux,
● établir une structure claire pour le développement professionnel des entraîneurs,
● fournir des garanties financières et sociales aux athlètes afin de faciliter leur parcours vers le sport de compétition,
● améliorer l'infrastructure d'entraînement dans nos salles d'escalade et de bloc afin de répondre aux exigences du sport de haut niveau. 

Si nous voulons suivre les évolutions et les changements dans l'escalade sportive, nous devons créer des structures professionnelles à tous les niveaux. Nous devons être conscients qu'à l'avenir, nous devrons consacrer plus de temps, d'énergie et de ressources pour donner à nos jeunes talents une chance de grimper dans le top 10 international. Il existe en Suisse suffisamment de bons exemples d'autres disciplines sportives qui ont précisément atteint cet objectif en visant une professionnalisation et en adaptant le système. Il faut un changement radical de mentalité et un engagement plus fort de tous les acteurs de l'escalade sportive. Sommes-nous prêts à le faire ? L'avenir de notre sport est entre nos mains. Prenons-le à bras le corps!

A propos d'Alex Wydler | alexwydler.training

Actif depuis 2018 chez Swiss Climbing dans la formation des entraîneurs
2017 Expert J&S en escalade sportive
2015 Formation et spécialisation d'entraîneur aux haltères Swiss Olympic
2014 Elu entraîneur de la relève de l'année (Swiss Climbing)
2013 Entraîneur professionnel BTA et entraîneur sport de compétition Swiss Olympic
2007 à 2015 Entraîneur centre régional Zurich escalade sportive

Ce texte est une traduction automatique. Le texte original est en allemand.

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