Même si l’escalade réunit, en s’adonnant à son activité favorite à l’intérieur, on évolue dans un biotope constitué de plusieurs espèces avec différents modèles comportementaux. Bizarrement, on peut observer ces différents types de grimpeurs dans presque toutes les salles d’escalade et de bloc – chacun avec ses propres traits de caractère et particularités. Nous avons identifié plusieurs types et en avons établi une classification – à ne pas prendre trop au sérieux.
L’habitué
Peu après midi, la salle ouvre et l’habitué est déjà là. La météo est radieuse, mais l’habitué grimpe à l’intérieur. Probablement seul. Des autres visiteurs aux membres du personnel, tout le monde le connaît. Cet être communicatif fait toujours régner la bonne humeur autour de lui. Il coche sur sa liste toutes les nouvelles voies, à peine celles-ci équipées. C’est un grimpeur pur-sang, du moins sur le plastique. Mais en dehors de la salle, personne ne sait vraiment ce qu’il fabrique.
Le pantomime
Cet exemplaire s’observe principalement devant les blocs difficiles, où on le voit gesticuler avec ses bras, passant en revue les différents mouvements du bloc – à l’instar d’un pantomime. Ce faisant, il arrive qu’il se plonge dans une véritable frénésie, imitant bruyamment les mouvements difficiles. Il procède ainsi jusqu’à ce qu’il ait escaladé la voie entière en pensée, puis il se met à grimper pour de vrai, mais emprunte une tout autre variante que celle qu’il vient de simuler.
Le donneur de leçons
Il pense bien faire, mais ses discours sont irritants au plus haut point. Il interpelle constamment les grimpeurs, en particulier lorsque ceux-ci se démènent pour passer le crux. « Fais un crochetage avec ton talon gauche !», « Prend la réglette avec ta main droite et charge le pied gauche !» ou « Là, tu dois simplement déplacer le poids du corps sous le plat !» sont des instructions qui font partie de son répertoire standard. Il a une solution pour chaque voie et chaque problème. Sa méthode est la seule qui tienne la route et il la serine à tout le monde au moment le moins opportun. Sans tenir aucun compte du niveau technique, de la force ou du style d’escalade.
Le discret
On ne l’entend jamais parler, c’est tout juste si on remarque sa présence. Il vient en salle pour lui-même, se tient en retrait et n’attire jamais l’attention sur lui. Jusqu’à ce qu’il commence à grimper. Lorsqu’il le fait, il gravit en un éclair les blocs les plus difficiles et escalade en coup de vent les voies les plus ardues. Puis il s’éclipse aussitôt, laissant les autres visiteurs pantois. Il va en salle pour fournir des performances. Mais seulement pour lui-même. C’est un euphémisme en personne.
Le frimeur
C’est tout le contraire du discret. Bien qu’il soit aussi un excellent grimpeur, il adore être sous les feux de la rampe. Il exécuterait volontiers un salto arrière sur le crash pad depuis le sommet si le règlement de la salle ne l’interdisait pas. Après avoir accroché la corde au sommet de la voie, il se laisse tomber dedans de manière théâtrale et s’époumone au-dessus des autres grimpeurs. Son léger narcissisme le pousse à filmer toutes ses actions avec son smartphone – en particulier lorsque sa voie est jonchée de jetés spectaculaires, qu’il effectue de manière souvent bien trop ambitieuse.
La boule d’énergie
Tandis que les autres vont boire un verre après une session épuisante, la boule d’énergie a tout juste terminé son échauffement – composé d’une trentaine de voies d’escalade et d’autant de problèmes de bloc. Il semble que ses muscles n’abandonnent jamais, bien qu’il ne soit pas super bien entraîné en soi. Même après cinq heures d’entraînement, il parvient encore à tenir les plus petites réglettes et escalade les voies les plus endurantes et les plus longues. Et les rares fois où il va prendre un verre avec les autres, il finit toujours par enfiler de nouveau ses chaussons d’escalade après l’apéro.
L’Elvis
Qui ne les connaît pas, les mouvements de jambes extatiques d’Elvis Presley ? Ce sont précisément ces mouvements inspirés du célèbre chanteur qu’exécute ce type de grimpeur sur la paroi. Après quelques mouvements, sa jambe se met à trembler – en général, celle qui tient le poids du corps – comme une machine à coudre. Chose intéressante, sa position reste stable, même s’il semble à la limite de la crampe.
Monsieur gros bras
Là où Elvis fait trembler ses jambes, Monsieur gros bras les laisse entièrement pendre. Il suit ses propres règles stipulant qu’une escalade réussie nécessite d’utiliser exclusivement ses bras. Pour être honnête, sa technique est plutôt faible, car ses jambes se balancent en grande partie dans les airs. Il semble toutefois disposer d’une force phénoménale dans ses autres extrémités, à l’aide desquelles il se hisse en direction du sommet.
L’acrobate
Des contorsions à n’en plus finir. L’acrobate est d’une souplesse déconcertante. Il enchaîne les drapeaux, les pieds-mains et les crochetages du talon jusqu’au sommet de la voie. Le plus amusant est que toutes ces acrobaties ne seraient pas nécessaires. Par principe, l’acrobate complique chaque voie. Pour lui, le spectacle et la technique priment sur l’efficacité. Finalement, ce n’est pas si grave, car ses mouvements sophistiqués lui permettent d’économiser beaucoup d’énergie.
Le strip-teaseur
Ce phénomène s’observe exclusivement sur les grimpeurs mâles. Il – et généralement ses congénères – se débarrasse de son t-shirt au plus tard après l’échauffement. D’une plus grande liberté de mouvement à une allergie au coton en passant par des températures trop élevées, toutes les excuses sont bonnes pour un effeuillage. Mais en réalité, il y a une seule véritable raison à cela : l’exhibition de ses muscles saillants et l’espoir que cela suscite des regards admiratifs de la part des autres.
Le pofeur
Le pofeur a besoin d’un sac de magnésie entier pour chaque voie qu’il escalade. Ses mains sont constamment blanches et il crée des nuages de poussière tellement épais que les autres grimpeurs se retrouvent régulièrement barbouillés de sa poudre blanche. D’abord le visage, puis les vêtements tout entiers.
L’astiqueur
C’est le contraire du pofeur. Son but consiste à retirer la magnésie et toute autre trace des voies. La brosse est sa pièce d’équipement favorite. Il en possède en différentes versions, de la douce brosse en soie au balai de riz. Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’astiqueur frotte toutes les prises avec une application extrême, jusqu’à ce qu’elles reluisent. Tout ça juste pour l’accroche.
Le singe
Cette désignation n’a rien d’irrespectueux, mais se réfère aux longs bras des primates. Il fait partie de ceux qui ne font jamais un seul jeté en salle, car il réussit tous ses mouvements en statique. Il laisse de côté la moitié des prises et attrape les prises les plus éloignées juste en raison de son incroyable envergure. Cette aptitude est particulièrement spectaculaire sur les blocs, lorsqu’il se hisse vers le sommet de manière quasi directe. Cela génère une consternation générale auprès de tous ceux qui galèrent avec leurs bras trop courts.
Remarque : bien que le masculin soit utilisé dans cette liste, les caractéristiques mentionnées concernent naturellement les deux sexes.
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