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Ce que tu dois savoir sur les longes de via ferrata

Rabea Zühlke, jeudi, 02. septembre 2021

Du sport de niche à l’effet de mode : à l’instar du ski de randonnée, la via ferrata connaît un véritable essor ces dernières années. L’équipement des adeptes de via ferrata s’est lui aussi considérablement développé. Nous fournissons ici une vue d’ensemble des toutes dernières innovations et vous présentons les critères à prendre en compte au moment de l’achat.

Afin de comprendre les normes et exigences actuelles relatives aux longes de via ferrata, il vaut la peine de faire un bref retour dans le passé. Jusqu’à récemment, il existait deux systèmes sur le marché : les modèles dotés d’une plaque de friction et ceux équipés d’un absorbeur d’énergie. Sur les premiers, une corde passe plusieurs fois à travers une plaque métallique perforée qui réduit par frottement l’énergie exercée par les chutes. « Ces modèles ont entièrement disparu du marché », explique le gestionnaire de produits Bächli Matthias Schmid. « En comparaison avec les absorbeurs d’énergie, leur réactivité, à savoir le moment à partir duquel le système freine en cas de chute, n’est pas idéale. » La force maximale exercée sur le corps lors d’une chute – soit la force de choc – peut être considérable et représente une charge énorme pour le corps. En outre, il y a une dizaine d’années, les longes de via ferrata avec plaque de friction ont fait l’objet d’une importante campagne de rappel : le vieillissement mécanique, le comportement à l’état humide ainsi que l’usure altéraient fortement la fiabilité du système.


Valeurs standard et valeurs limites

La norme en vigueur (EN 958:2017) permet uniquement l’utilisation de longes équipées d’un absorbeur d’énergie. Les longes de ce type prolongent la distance de freinage et amortissent le choc grâce au déchirement d’une sangle cousue ou tissée. Cette nouvelle norme a entraîné d’autres changements sur ces modèles. Auparavant, le test de chute dynamique était réalisé uniquement avec une masse d’acier de 80 kilos. En pratique, une certaine force était donc nécessaire pour que les coutures de l’absorbeur d’énergie se déchirent et que la distance de freinage de 1,2 mètres puisse être exploitée. « La force se définit par la masse multipliée par l’accélération. Selon l’ancienne norme, une personne ne pesant que 40 kilos aurait eu besoin d’une plus grande chute pour que l’absorbeur d’énergie puisse se déclencher », résume l’expert Bächli. En raison du freinage abrupt et de l’énorme force de choc sur le corps, une chute pouvait s’avérer fatale aux personnes légères. Depuis 2017, les chutes normées sont réalisées avec des poids de 40 et 120 kilos et la force de choc ne doit pas être supérieure à 3,5 kN (pour 40 kg) ou à 6 kN (pour 120 kg). Un kilonewton (kN) correspond à une charge de 100 kilos. « La force de choc maximale est choisie de façon à ce qu’un corps sain ne subisse pas de dommages durables », précise Matthias Schmid. En outre, la longueur de l’absorbeur d’énergie a été rallongée, atteignant aujourd’hui 2,2 mètres. La norme EN 958:2017 prévoit également un test cyclique. « Sur la durée, les cycles répétés de charge et de décharge sur les brins élastiques affaiblissent les sangles ». La procédure de test actuelle prévoit 50 000 cycles d’étirement et de relâchement, ce qui correspond plus ou moins au cycle de vie d’une longe de via ferrata. Après le test, les brins doivent présenter une résistance résiduelle d’au moins 12 kN. La résistance est également testée à l’état humide.


En résumé, les longes de via ferrata répondant à la norme actuelle réduisent l’impact du choc en cas de chute, en particulier pour les personnes légères. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille prendre des risques inconsidérés, comme en salle d’escalade par exemple. Une longe de via ferrata constitue un équipement d’urgence. « La longe est à la via ferrata ce que l’airbag est à la voiture : elle doit sauver la vie en cas de situation d’urgence, mais toute chute reste liée à un risque important de blessures », avertit le gestionnaire de produits. Bien entendu, un absorbeur d’énergie déchiré est irrémédiablement détruit et nécessite le remplacement de la longe.


Équipement et vérification

La construction d’une longe de via ferrata ne varie pas : via une courte sangle cousue, la longe est fixée avec un nœud en tête d’alouette au point d’encordement du baudrier. Suit la pièce maîtresse de la longe, c’est-à-dire l’absorbeur d’énergie, avant que la longe ne se ramifie en deux brins. L’un des brins reste toujours accroché au câble métallique pendant que l’on accroche et décroche l’autre brin. Toutes les longes disponibles chez Bächli Sports de Montagne sont équipées de mousquetons à vis automatiques. Pour déterminer la taille de mousqueton idéale ou l’ouverture la mieux adaptée à ses besoins, il vaut la peine de tester directement le matériel dans un magasin Bächli. « Les mousquetons avec une ouverture paume-pouce sont adaptés aux enfants ou aux personnes avec de petites mains », explique Schmid. « Les personnes en quête de légèreté pourront opter pour les mousquetons minimalistes, que l’on trouve par exemple sur le Cable Kit Ultralite 5.0 d’Edelrid. » Le choix du baudrier dépend aussi des préférences personnelles. Tous les baudriers de la norme EN 12277 sont autorisés. « Les adeptes de via ferrata ambitieux préfèrent les baudriers d’alpinisme ultralégers : il se rangent facilement dans le sac à dos, ne pèsent quasiment rien et permettent une grande liberté de mouvement ». Certains fabricants proposent même des baudriers équipés d’une longe. Sur ces modèles, l’absorbeur d’énergie est déjà intégré aux sangles de cuisse (p. ex. Edelrid Jester). Les longes de via ferrata dotées d’un émerillon entre la boucle de raccordement et les brins sont très agréables à utiliser car elles empêchent les bras de s’entortiller.


Les via ferrata peuvent être épuisantes et l’on est facilement tenté de rester suspendu aux cordes un instant afin de reprendre son souffle. Mais attention, la valeur limite pour qu’un absorbeur d’énergie commence à se déchirer correspond à 1,3 kN, soit à 130 kilos. Matthias Schmid incite à la prudence : « Cette force est rapidement atteinte si un homme de 80 kilos se pose dans sa longe de via ferrata avec un certain élan », précise le gestionnaire de produits. « Et, même en cas de déclenchement partiel, la longe doit être immédiatement remplacée. » Il est donc recommandé d’utiliser une sangle séparée pour se suspendre. Certaines longes disposent d’une boucle de repos intégrée. Cependant, on peut tout à fait se contenter d’une sangle normale de 60 cm fixée au baudrier avec un nœud en tête d’alouette.

Dans ses instructions, le fabricant indique quand une longe de via ferrata doit être changée – généralement après dix ans au plus tard. « Le bon réflexe est de remplacer la longe dès que l’on éprouve un sentiment désagréable », recommande Schmid. Il faudrait aussi vérifier sa longe avant chaque utilisation pour y déceler d’éventuelles traces d’usure, des matériaux qui peluchent ou des mousquetons défectueux. Certaines influences extérieures accélèrent le vieillissement du matériel, notamment le rayonnement UV ou l’oxygène. « Dans l’idéal, on entrepose sa longe dans un endroit sombre, sec et frais ».


Innovations et accessoires

Selon l’expert Bächli, au cours des dix dernières années, la popularité croissante des via ferrata est allée de pair avec un développement considérable du matériel. En parallèle, toujours plus de fabricants ont mis sur le marché des accessoires complémentaires ou des produits spéciaux qui augmentent la sécurité. Par exemple, Skylotec propose une longe dotée d’un bloqueur sur câble acier (RIDER 3.0). « Le bloqueur est en permanence fixé sur le câble et se déplace avec le grimpeur. En cas de chute, il empêche ce dernier de tomber jusqu’à l’ancrage précédent », explique Anne Leidenfrost, Category Manager chez Skylotec. « La distance de chute s’en trouve nettement raccourcie et la force de choc diminuée. » Ces modèles, qui se bloquent parfois de manière involontaire, sont peu recommandés pour les via ferrata comportant de longues traversées. En revanche, ils sont judicieux dans les via ferrata exigeantes avec des passages déversants, ajoute Schmid. Edelrid a conçu un kit de sécurité malin, utile lorsqu’on est accompagné d’enfants ou que l’on souhaite assurer une personne peu expérimentée dans un passage difficile : de fait, le Via Ferrata Belay Kit se compose d’une plaquette d’assurage, avec un blocage antiretour automatique, et d’une corde à simple de 15 mètres. « L’avantage, c’est que le premier de cordée n’a pas besoin de maîtriser des techniques d’assurage spéciales, comme le demi-nœud d’amarre. Grâce au code couleur, l’utilisation du Belay Kit est assez intuitive », indique Sebastian Straub d’Edelrid. Il est toutefois important, lors de l’assurage, que la corde reste toujours bien tendue jusqu’au second, afin qu’une chute soit quasiment impossible.


Outre une longe, l’équipement de via ferrata comprend un casque obligatoire. Des gants peuvent également se révéler utiles : ils empêchent de se blesser sur des câbles abimés, confèrent une bonne accroche et évitent la formation d’ampoules. En outre, ils rendent l’expérience plus agréable car le métal, excellent conducteur, peut rapidement devenir froid. « Les modèles haut de gamme se composent de cuir robuste et résistant à l’abrasion », précise l’expert Bächli. Du fait de leur rembourrage au milieu de la main, les gants de vélo peuvent être gênants. Concernant les chaussures, Schmid conseille des modèles équipés d’une semelle rigide, sans quoi l’on pourrait ressentir un certain inconfort sur les échelles, les tiges et les marches. Les chaussures dotées d’un petit talon sont idéales car elles garantissent une bonne stabilité sur les échelons métalliques (p. ex. la Scarpa Marmolada Pro HD). Les chaussures possédant une « climbing zone » sans profil à la pointe sont surtout pratiques pour les via ferrata exigeantes où l’on progresse également sur le rocher.

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