Les mousquetons ont été utilisés dans
des contextes militaires et nautiques bien
avant d'être utilisés dans les sports de
montagne. Ils étaient également utilisés
par les services de secours, notamment
les pompiers. Ces premiers mousquetons
étaient de simples crochets métalliques
dotés d'un mécanisme à ressort permettant
d'accrocher et de décrocher rapidement
des cordes ou des armes. Les mousquetons
actuels utilisés pour les sports
de montagne sont la plupart du temps
réalisés en aluminium, ou plus précisément
en alliage d'aluminium. L'aluminium
possède un rapport poids-résistance
idéal et dure longtemps dans des conditions
d'utilisation optimales. En revanche,
les mousquetons en acier sont de plus en
plus utilisés dans l'industrie, dans les
salles d'escalade, pour la slackline et
pour les sauvetages. Ceux-ci sont certes
plus lourds, mais leur résistance est encore
plus élevée et leur durée de vie encore
plus longue.
La fonction commune à tous les mousquetons
est qu'ils doivent pouvoir être ouverts
sans outils et se refermer automatiquement
lorsqu'on les relâche. Ceci est
obtenu soit par des ressorts à lame, soit
par la tension qui résulte de la torsion du
fil dans le cas des mousquetons à doigt fil.
Fabrication
Le forgeage à chaud se fait à
200°C dans des presses qui
peuvent exercer jusqu'à mille
tonnes de pression.
Les mousquetons sont pliés par déformation
à chaud ou à froid ou à partir d'une
barre ronde en aluminium. Les formes filigranes
optimisant le poids, sont généralement
obtenues par forgeage à chaud, où
l'aluminium est chauffé à haute température
et mis en forme à l'aide de presses à
haute pression. Cela permet d'obtenir des
géométries complexes d'une grande résistance
et d'un poids minimal. Le forgeage à
froid se déroule à température ambiante et
peut améliorer la résistance et la surface
du produit final, mais la complexité des
formes pouvant être produites est plus limitée.
Après le forgeage, les mousquetons
passent par différentes étapes de finition,
comme l'anodisation. Cela améliore la résistance
de sa surface et permet d’ajouter
de la couleur. Les mousquetons sont
ensuite soumis à des tests rigoureux de
résistance et de fiabilité afin de s'assurer
qu'ils répondent aux normes de sécurité les
plus strictes. L'assemblage final comprend
la mise en place du doigt, du ressort et de
l’axe, suivie de contrôles qualité supplémentaires.
Sur les mousquetons destinés à l’escalade,
l’ajout de certaines inscriptions est
obligatoire. En font partie le nom du fabricant,
la norme selon laquelle le mousqueton a été testé (EN), l’institut de test (CE),
ainsi que la résistance minimale à laquelle
le mousqueton a résisté pendant le test.
Plus les valeurs sont élevées par rapport
à l'exigence minimale, plus la marge de
sécurité est importante en cas de situation
critique.
Formes de mousqueton
Historiquement, les mousquetons étaient fabriqués
de forme ovale. Cependant, on s'est
rapidement rendu compte qu'une sorte de D
était idéale. Les mousquetons en forme de
D favorisent la charge sur le mousqueton
dans son orientation la plus forte, en dirigeant
les charges vers la « colonne vertébrale
» du mousqueton. Un D décalé affine
cette conception de base en allongeant le
côté supérieur du mousqueton et en augmentant
ainsi le volume interne. Cela améliore
la maniabilité et la compatibilité avec
les cordes épaisses et les sangles. Tous les
mousquetons utilisés pour les dégaines présentent
cette forme de base. Les mousquetons
ovales sont appréciés pour les travaux
sur cordes et l'entretien des arbres, car ils
peuvent accueillir plusieurs connecteurs,
sangles, cordes ou poulies. Ils conviennent
également à la protection contre les chutes
et aux systèmes de sauvetage. Leur forme
arrondie garantit le centrage automatique des points de connexion en cas de charge.
Leur forme symétrique permet au mousqueton
de fonctionner quelle que soit
l’orientation.
Un mousqueton HMS est surtout
utile pour l’assurage au demi-noeud
d’amarre (d’où le nom HMS signifiant « Halbmastwurf
» en allemand). Les mousquetons
HMS modernes ont une forme de poire.
Pendant l'assurage, les dimensions généreuses
du haut du mousqueton permettent
de donner du mou et de ravaler en douceur.
Le demi-noeud d’amarre a ainsi la place de
« sauter » facilement, c'est-à-dire de glisser
d'un côté ou de l'autre du mousqueton, ce qui
garantit un assurage fluide. L'extrémité plus
étroite du mousqueton, qui se trouve soit
accrochée au relais soit au pontet du baudrier
a pour but d’éviter le retournement du
mousqueton. Les mousquetons d'assurage
ont souvent aussi une forme de poire, ce
qui permet d'accrocher facilement un dispositif
d'assurage. Ils possèdent en outre une
protection contre le retournement. Celle-ci
empêche un positionnement défavorable du
mousqueton pendant l'assurage. La protection
anti-retournement consiste soit sous la
forme d’un étrier fil qui maintient le mousqueton au baudrier, soit d’un clip en plastique
qui a en plus l’avantage de verrouiller
le mousqueton en position fermée.
Les mousquetons de base sont essentiellement
utilisés pour former les dégaines,
car il est important de pouvoir mousquetonner
et démousquetonner rapidement. On
distingue les mousquetons avec un doigt
tige de ceux avec un doigt fil. Ces derniers,
en plus d'être plus légers, présentent l'avantage
de ne pas s'ouvrir en cas de choc contre
le rocher, en raison de la faible inertie du
doigt fil. Les mousquetons de base sont en
principe aussi résistants que les mousquetons
à vis – pour autant qu'ils restent fermés.
En cas de charge avec un doigt ouvert,
la résistance est considérablement réduite.
Dans les situations où le mousqueton ne
doit absolument pas s'ouvrir, comme lors
de l'assurage ou en moulinette, il faut utiliser
un mousqueton à vis ou, mieux encore,
un mousqueton à verrouillage automatique.
Il existe plusieurs mécanismes de sécurité
(p. ex. Tri-Lock, Ball-Lock ou Twistlock) qui
évitent encore plus drastiquement une ouverture
involontaire.
Les dégaines sont utilisées depuis
les années 1970 environ. Elles ont révolutionné
l'escalade sportive en combinant
deux mousquetons reliés par une petite
sangle : d'une part, elles facilitent le mousquetonnage,
d'autre part, elles réduisent
considérablement le frottement de la corde
grâce à un meilleur cheminement de celleci.
L’achat du premier jeu de dégaines se
fait souvent lorsqu’on passe de l’escalade
en salle au rocher. Dans les Préalpes, dix
dégaines suffisent souvent, alors qu'en
Espagne ou en Grèce, on trouve des voies
plus longues avec jusqu’à 20 spits à mousquetonner.
Les dégaines doivent être faciles
à tenir en main, et leurs mousquetons
doivent s’ouvrir avec fluidité et être suffisamment
grands pour ne pas se coincer les
doigts. Le mousqueton inférieur peut avoir
un doigt légèrement courbé pour faciliter
le mousquetonnage de la corde. Les mousquetons
à doigt fil sont généralement les
plus légers. En règle générale, le mousqueton
côté rocher doit être robuste et durable,
tandis que le mousqueton dans lequel
passe la corde doit surtout être facile à utiliser.
La longueur de la dégaine peut varier
en fonction de la voie – des dégaines plus
longues réduisent le frottement de la corde
et améliorent son cheminement.
Petit, plus petit, jouet ?
Dans les situations où chaque gramme
compte, les fanatiques du poids aiment
recourir à des mousquetons et des dégaines
plus petits et plus légers, car ils
permettent d'économiser beaucoup de
lest. Les mini-mousquetons existent bien
sûr depuis longtemps comme accessoires,
mais ils portaient généralement l'inscription
restrictive « Not for climbing », car
ils ne répondaient de très loin pas aux exigences de résistance. Mais il existe
désormais des mousquetons avec doigtfil
conformes aux normes et qui pèsent
moins de 20 grammes. Toutefois, ces mini-
mousquetons sont si petits qu'il faut
presque une loupe pour voir le minuscule
doigt, l’ouverture est extrêmement réduite
et la section du métal sur laquelle passe
la corde fait presque penser à un spaghetti.
Même si elles ne sont pas optimales en
termes de maniabilité et de durabilité pour une utilisation intensive, elles répondent
dans tous les cas aux normes en vigueur.
Leur grand avantage, le faible poids, s’apprécie
surtout en cas de longues marches
d'approche ou pour l'alpinisme de très
haut niveau lorsque chaque gramme
compte. Les mousquetons légers peuvent
également être utilisés comme mousquetons
de secours, de réserve ou comme
éléments d'un kit de sauvetage en crevasse
ultraléger.
Durée de vie
Les nombreux frottements finissent par provoquer des entailles qui peuvent mettre la corde en danger.
Les alliages d'aluminium ont
théoriquement une durée de vie infinie
et, curieusement, ont tendance à
devenir plus solides avec le vieillissement.
Un petit mousqueton à vis
utilisé pour l’installation d'un relais
peut durer indéfiniment à condition
d’en prendre soin en le nettoyant de
temps en temps à l'eau et en le lubrifiant
avec de l'huile pour mécanique
de précision (par exemple Ballistol).
Les mousquetons exposés au frottement,
comme les mousquetons des
dégaines ou les mousquetons d'assurage,
s’usent et se creusent au fil
du temps. Utiliser une corde sale accélère
encore cette usure. Tant que
l’usure se limite à un peu de peinture
qui manque, il n'y a pas besoin
d'agir. Mais si l'entaille s'agrandit,
une arête vive peut se former et finir
par mettre la corde en danger. Si
le fonctionnement du mousqueton
est altéré et que le doigt ne se ferme
plus correctement, on peut essayer
de le nettoyer et de le lubrifier.
Toutefois,
en cas de déformation permanente
à la suite d’une chute ou d’une
mauvaise utilisation, le mousqueton
doit immédiatement être mis au rebut.
Pour certaines utilisations, il
existe désormais des mousquetons
en aluminium avec un insert en
acier plus robuste
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