En montagne, un sommeil réparateur revêt une importance cruciale. Celles et ceux qui ont déjà dû entamer une course alpine vidés de leurs forces en raison d’une nuit passée à lutter contre le froid le savent bien. Un sac de couchage approprié incarne le meilleur « somnifère » garant d’une nuit réussie. Nous vous expliquons ici ce qui peut faire la différence.
Selon Andrea Brändli, responsable des sacs de couchage chez Bächli Sports de Montagne, « l’homme n’est pas une machine. Les sensations de chaud et de froid varient d’un individu à l’autre. En outre, cela dépend également de la situation. On ne ressentira pas les choses de la même façon si l’on est en pleine forme et peut se glisser simplement dans son sac de couchage que si l’on revient complètement épuisé d’une course et doit d’abord se réchauffer avant de se coucher. Car un sac de couchage ne chauffe pas ; il ne fait que retenir la chaleur en évitant qu’elle ne circule et s’échappe. » Ce qui est sûr, c’est qu’une personne en forme, pas épuisée et bien nourrie a moins vite froid. Il existe aussi des différences spécifiques au genre. Il a été scientifiquement prouvé que les femmes souffrent plus vite du froid que les hommes. Cela dépend de la corpulence, de la masse musculaire et de la masse graisseuse. « Dans le doute, les femmes devraient donc opter pour un modèle plus chaud », conseille Andrea Brändli. Bächli Sports de Montagne propose aussi des modèles féminins dotés d’une isolation plus importante au niveau des pieds et de la zone lombaire. Quoi qu’il en soit, les hommes devraient également se renseigner sur la température de confort déclarée par le fabricant et prévoir des réserves (voir encadré « Norme des sacs de couchage »).
Relation longue durée
Il vaut la peine de bien réfléchir avant de faire un achat. En effet, si l’on trouve le produit qui répond à ses exigences et ne néglige pas son entretien, un sac de couchage peut être utilisé durant des années, voire des décennies. Les collaborateurs des magasins Bächli prennent volontiers le temps de vous conseiller. « En principe, le rapport entre le poids et l’isolation, l’encombrement, l’utilisation prévue ainsi que le budget disponible constituent des critères déterminants », précise la spécialiste. Ces critères sont sensiblement influencés par le choix du matériau isolant, soit généralement du duvet ou des fibres synthétiques. « Lorsque légèreté, compacité et pouvoir isolant élevé sont requis, le duvet reste la référence absolue. » Ceci est dû à la structure du duvet de canard ou d’oie : partant d’un minuscule noyau, d’innombrables ramifications disposées en rayons confèrent au duvet une structure tridimensionnelle durable, permettant d’accumuler de grandes quantités d’air réchauffé. Toutefois, même le duvet présente des différences de qualité. Les propriétés des garnissages en duvet s’expriment en fonction de deux paramètres : le pouvoir gonflant et le ratio plumes/duvet. Les plumes, qui proviennent principalement de canards, garantissent structure
et stabilité. Le ratio de mélange indique la proportion de duvet contenue dans un garnissage. Par exemple, l’indication 90/10 signifie que le garnissage comporte dix pour cent de plumes.
La qualité du duvet se manifeste par son pouvoir gonflant (également loft ou fillpower), indiqué par l’unité de mesure « cuin », abréviation anglaise de cubic inch. Pour mesurer cette unité, on place une quantité définie de duvet dans un cylindre normé avant de le comprimer à l’aide d’un poids durant 24 heures. Une fois le poids retiré, on laisse d’abord le mélange de plumes et de duvet gonfler pendant un temps imparti, puis on mesure le volume occupé dans le cylindre. Plus le chiffre est élevé, meilleur est le pouvoir isolant. Un pouvoir gonflant de 600 cuin constitue une bonne valeur, tandis que 800 et plus représentent des valeurs record.
« Les garnissages en duvet présentent aussi des inconvénients », explique Andrea Brändli. Ainsi, un duvet non traité perd une partie de son pouvoir isolant lorsqu’il est humide ou mouillé. Par conséquent, il convient de placer le sac de couchage dans un emballage imperméable et, si possible, de toujours le faire bien sécher avant de le paqueter. Depuis quelque temps, des duvets hydrophobes sont également utilisés. Cela signifie que le produit naturel subit un traitement qui le rend déperlant, c’est le cas, par exemple, du Mythic Ultra 360 de Rab, du Hyperion 20F de Therm-A-Rest ou du Flame FmIV de Sea to Summit. Comparativement au duvet, les fibres synthétiques présentent l’avantage d’absorber moins d’humidité, conservant ainsi mieux leurs facultés isolantes à l’état humide ou mouillé. En conséquence, ces garnissages sont bien adaptés aux climats humides, notamment pour les nuits passées dans un bivouac de neige humide et froid. Les sacs de couchage en fibres synthétiques sont également plus faciles à laver. Enfin, ils sont généralement moins coûteux.
Une question de construction
Quelle que soit la qualité du matériau isolant, c’est surtout la construction du sac de couchage qui permet d’en tirer le meilleur parti. L’enjeu majeur réside dans les finitions. D’une part, le garnissage doit rester uniformément réparti et, d’autre part, les ponts thermiques doivent être évités au maximum. « Le fabricant Mountain Hardwear a fort bien résolu ce problème avec sa ligne de produits Lamina. Les compartiments sont soudés en plusieurs couches plutôt que d’être cousus. Cela permet de lutter efficacement contre les ponts thermiques », explique l’experte. Concernant la perte de chaleur, d’autres détails méritent une attention particulière : non seulement la conception de la capuche, mais aussi celle de la collerette antifroid qui empêche une perte de chaleur au niveau des épaules ainsi que celle du rabat isolant qui recouvre la fermeture éclair à l’intérieur du sac de couchage (sauf sur les sacs de couchage d’été axés sur la légèreté absolue). La forme « momie » est la forme la plus souvent utilisée dans le domaine des sports de plein air et de montagne, car elle permet d’économiser un poids inutile. En outre, plus le sac de couchage est près du corps, plus le volume intérieur que la chaleur du corps doit réchauffer sera faible. Cependant, un sac de couchage à la coupe trop étroite ou trop courte restreint sensiblement le confort. Andrea Brändli recommande donc de réaliser un test de couchage dans l’un des douze magasins Bächli.
Norme des sacs de couchage
Introduite en 2005, la norme DIN EN ISO 13537 a mis un terme aux indications de température aléatoires des fabricants de sacs de couchage, apportant, pour la première fois, une comparabilité en matière de pouvoir isolant. Plus tard, cette norme a été considérablement remaniée afin d’être simplifiée et davantage orientée sur la pratique. La DIN EN ISO 23537-1, publiée en février 2017, traite les exigences thermiques d’un sac de couchage, tandis que la DIN EN ISO 23537-2 s’intéresse aux propriétés des tissus et des matériaux. Lors de tests en laboratoire, on détermine, à l’aide d’une poupée chauffante, les températures de confort, limite et extrême. Les indications de température se lisent ainsi :
- Température de confort (TCom) : température à laquelle une « femme standard » (25 ans, 60 kg, 160 cm) peut passer une nuit confortable.
- Température limite (TLim) : température à laquelle un « homme standard » (25 ans, 70 kg, 173 cm) peut passer une nuit confortable.
- Température extrême (TExt) : température à laquelle un sac de couchage empêche des dommages durables (gelures du 2e degré). Le bien-être n’est plus pris en considération !
Cependant, cette norme ne fait pas l’unanimité auprès des experts. Ces derniers critiquent notamment le fait que des critères pertinents pour la pratique, comme le comportement du sac de couchage en cas d’absorption de transpiration ou l’influence d’un sommeil agité, n’aient pas été pris en compte dans le protocole expérimental statique de la norme.
Duvet durable
Officiellement, le duvet est commercialisé comme un produit dérivé des élevages d’animaux à plumes et provient généralement d’Europe de l’est ou de Chine. Ce matériau de garnissage a été discrédité en raison de méthodes inacceptables et cruelles, tel que le plumage à vif ou le gavage. Plusieurs fabricants collaborent avec l’IDFL (International Down & Feather Testing Laboratory) – le plus grand institut mondial de contrôle et de certification pour le duvet, dont le siège européen se situe à Frauenfeld, en Suisse – et font certifier l’origine éthiquement correcte de leur duvet.
Le Responsible Down Standard (RDS) est une norme volontaire et indépendante, valable dans le monde entier. À l’instar du Down Codex (qui rend également l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement transparente) ou du Traceable Down Standard, elle prescrit des normes minimales contraignantes pour la récolte du duvet. Globalement, ces standards interdisent le gavage et le plumage à vif. Les duvets ont une bonne durée de vie et se prêtent donc au recyclage d’un point de vue écologique et économique. Dans le cadre du processus de recyclage, les duvets de canard et d’oie, provenant par exemple de la literie ou des vêtements, sont collectés puis nettoyés selon le Global Recycling Standard et stérilisés à hautes températures. Cette opération permet de conserver les excellentes propriétés isolantes du matériau. Bächli Sports de Montagne propose un remplissage ultérieur après plusieurs années d’utilisation.
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