Les randonnées en montagne posent un défi particulier : la sécurité est déterminée par le degré de compatibilité entre les caractéristiques individuelles d’une personne et les exigences de l’itinéraire en question. C’est précisément ce point qui doit être clarifié lors de la préparation de la course entre quatre murs. Une étude scientifique révèle que, sans cette étape, le risque de « mismatch » augmente.
L’année 2020 a été remarquable eu égard à la randonnée –à double titre. Premièrement, les situations d’urgence en montagne ont connu une nette hausse par rapport aux cinq dernières années (source CAS « Les Alpes » 05/21). Cette augmentation est probablement imputable à la popularité croissante de la randonnée en raison des restrictions de voyage. D’autre part, le Bureau de prévention des accidents BPA a publié, en automne, les résultats d’une vaste étude menée sur plusieurs années au sujet de la sécurité en randonnée. Cette étude met en évidence les facteurs ayant une influence sur la sécurité en randonnée :
- Condition physique et état d’esprit
- Risque de chute
- Chaussures
- Météo
- Esprit de performance
- Aptitudes motrices
- Expérience et connaissances
- Planification et préparation
- Compétences en matière de risque
Sais-tu identifier un « mismatch » lorsque tu en as un devant les yeux ?
On décrit un « mismatch » comme la « divergence entre les caractéristiques individuelles d’une personne et les exigences du chemin ». Selon l’étude du BPA, le mismatch en un phénomène très répandu dans le domaine de la randonnée en montagne.
- Mismatch à la descente : la dernière partie d’une randonnée consiste souvent en une descente raide et caillouteuse. Or, en fin de journée, les forces et la concentration sont souvent au plus bas. La condition physique et l’état d’esprit ne sont pas adaptés à une descente présentant un risque de chute élevé.
- Mismatch entre la météo et l’équipement : la météo change brusquement et tu n’as pas de vêtements adéquats dans ton sac à dos. Tu te retrouves alors exposé aux caprices du temps : la pluie détrempe tes vêtements et le vent refroidit ton corps.
- Mismatch entre la réalité et la préparation : lors d’une longue randonnée, tu consommes beaucoup d’eau, car il fait chaud et le soleil brille. L’itinéraire passe certes devant plusieurs fermes et sources, où il te serait théoriquement possible de refaire tes réserves d’eau. Mais l’eau s’est tarie en raison d’une longue période de sécheresse. Cette circonstance déterminante aurait pu t’être révélée si tu avais effectué des recherches au préalable.
Randonner n’est pas se balader
Le danger subtil de la randonnée, c’est son apparente insignifiance – il ne s’agit en réalité que de marcher. Pour une promenade en montagne, aucune formation n’est nécessaire. On n’a pas non plus besoin de matériel spécial, comme en escalade, en ski de randonnée ou en parapente. Pourquoi faut-il alors « dramatiser » l’aspect de la sécurité dans cette discipline ?
En fait, cette façon de penser est précisément l’expression d’une sur- ou sous-estimation de la randonnée, laquelle augmente le risque de mismatch d’accident. Randonner n’est pas se balader.
Les randonneuses et randonneurs doivent être au clair à propos aux exigences particulières de l’itinéraire prévu et doivent pouvoir évaluer leur propre condition physique ainsi que leur équipement.
Le slogan « Randonner n’est pas se balader » tape dans le mille. C’est aussi le titre d’une campagne de sensibilisation lancée par le BPA sur la base des résultats de l’étude. Elle peut être consultée sur www.rando-en-montagne.ch/fr.
Chaque randonnée (ou nuitée sous tente) doit être précédée d’une préparation appropriée avant de poser un pied sur le pâturage.
Planifier l’itinéraire, vérifier les conditions et choisir l’équipement adéquat
Chaque randonnée commence à la maison, dans le cadre de la préparation.
- Planifier l’itinéraire : où se trouvent le point de départ et l’arrivée ? Quelle est la longueur du parcours ? Quel est le profil d’altitude ? Quelles sont les principales étapes le long du chemin (p. ex. cabanes, bifurcations, etc.) ? Quel type de terrain m’attend ? En outre, assure-toi que tu réponds aux exigences de l’itinéraire. Pour ce faire, les cartes de randonnée peuvent être d’une grande aide, notamment sur suissemobile.ch .
- S’informer sur la météo et les conditions dans la région choisie : quels sont les prévisions météorologiques ? Quel est l’état du chemin ? Y a-t-il des tronçons fermés (p. ex. en raison d’avalanches de printemps ou chute de pierres) ? Faut-il s’attendre à de la neige, voire de la glace dans les zones à l’ombre ? Tu peux effectuer ce type de recherches en consultant le site www.suissemobile.ch, en lisant les rapports de courses sur hikr/Gipfelbuch/camptopcamp, en regardant les webcams de la région choisie et en interrogeant les habitants de ladite région.
- Choisir un équipement adéquat : porte des chaussures qui s’adaptent aux exigences du chemin et à tes propres compétences en matière de randonnée. Emporte les vêtements de protection nécessaires et, si l’itinéraire l’exige, du matériel technique (p. ex. bâtons, crampons de ville, guêtres). Quelles quantités d’eau et de nourriture sont nécessaires pour la course ? Quel matériel supplémentaire (p. ex. lampe frontale, couteau suisse ou autregadget) dois-tu emporter ? Quel poids total peux-tu porter lors de la course ?
Prudence particulière au printemps, au début de l’été et en automne
Il peut être très attrayant de randonner au printemps ou en automne. Or, en commençant sa course à basse altitude sur des versants sud, on a souvent l’impression d’être en plein été, tandis qu’à l’approche du sommet, la course se transforme en expédition hivernale, alternant névés et passages glaciaux dans des pentes à l’ombre. Nous avons récemment vécu une expérience similaire, lors d’une randonnée au Buochserhorn.
Ce sont précisément ces conditions changeantes qui modifient les exigences que doivent remplir les adeptes de randonnée afin d’éviter un mismatch.
Bilan
Pour une simple balade, on peut quitter la maison à la dernière minute et sans aucune préparation. Or les randonnées n’étant pas de simples balades, elles commencent toujours à la maison, avec la planification de l’itinéraire, les recherches relatives à la météo et aux conditions sur place ainsi que la préparation du sac à dos. Cette planification permet une coordination optimisée entre les conditions individuelles et les exigences de la randonnée prévue, réduisant ainsi le risque de mismatch.
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