Unique en son genre dans le pays, le Parc National Suisse satisfait aux exigences les plus élevées en matière de protection de la nature. Les randonneurs ont l’interdiction de quitter les chemins et, durant l’hiver, le parc est fermé aux visiteurs. Ces restrictions sont essentielles, car elles permettent à la nature de se développer librement. Chaque fois qu’il tente de fuir, un animal sauvage gaspille une énergie précieuse – et une rencontre avec des humains peut être fatale dans des conditions neigeuses difficiles. Au Parc National, le bois mort doit être laissé à terre, car il offre des habitats importants à de nombreuses créatures. Ici, les glissements, les inondations et les chutes de pierres ne sont pas considérés comme des dangers naturels à maîtriser, mais comme des processus naturels faisant l’objet de recherches. Ce qui rend le Parc National Suisse si spécial, c’est que peu de sites en Europe sont aussi rigoureusement laissés à eux-mêmes que ce petit coin de terre.
En tant que sportifs de montagne, nous avons le privilège de pouvoir découvrir et observer cette nature sur les chemins de randonnée balisés. Aujourd’hui, nous avons sélectionné pour toi une course dans le Val Trupchun. Cette randonnée d’environ quatre heures est parfaite pour les familles, car elle présente un dénivelé de seulement 300 mètres. Elle est particulièrement gratifiante en automne. À cette période, les mélèzes se parent d’une teinte dorée, offrant un superbe spectacle naturel. Avec un peu de chance, on peut même entendre un cerf bramer. La randonnée dans le Val Trupchun est également une bonne alternative par temps pluvieux, car on reste dans la vallée sans s’exposer aux conditions rudes qui règnent déjà à plus haute altitude. Avant de te mettre en route, tu peux louer des jumelles au Centre du Parc National de Zernez pour pouvoir observer les animaux de loin.
Nature intacte et animaux sauvages
Notre randonnée commence à Prasüras, bien accessible avec le train de Zernez à S-chanf, puis avec l’Engadin Bus ou l’Express Parc Naziunal. Nous randonnons le long de l’Ova da Varusch et atteignons bientôt l’Alp Purcher. À gauche, un sentier part dans le Val Müschauns. Nous restons sur le chemin qui nous mène plus profondément dans le Val Trupchun. Dans cette vallée ombragée, étroite au départ, on aperçoit parfois de vieux ponts de neige ou des résidus d’avalanches de l’hiver précédent, même après un été chaud. Pendant la randonnée, il vaut la peine de jeter un œil sur le versant opposé avec ses jumelles – on y découvrira peut-être un cerf, un chamois, un aigle ou un gypaète barbu. Avec un peu de chance, on peut croiser un gardien, reconnaissable à son uniforme orné d’un logo représentant un cassenoix moucheté, l’animal emblématique du Parc National. Les gardiens du parc disposent d’une longue vue, connaissent peut-être un spot avec des animaux sauvages et peuvent te fournir de précieuses informations sur la faune et la flore locales. En continuant sur le chemin, la vallée s’ouvre de plus en plus, nous gratifiant d’une vue toujours plus dégagée. Après environ 5 kilomètres, nous atteignons l’Alp Trupchun par des chemins facilement praticables. Sur l’aire de repos, nous avons suffisamment de place pour savourer un pique-nique bien mérité sorti de notre sac à dos. Mais n’oublions pas de poser les jumelles de temps à autre pour admirer ce qui se trouve à proximité. Ça et là, on entend le sifflement des marmottes. En regardant sur le versant gauche, on découvre une petite station météo qui fournit des données en continu, lesquelles peuvent être utilisées par l’équipe du Parc National pour la recherche. Petite astuce pour celles et ceux qui se sentent encore d’attaque pour quelques mètres de dénivelé : après la pause, on peut poursuivre sur le chemin jusqu’à la Fuorcla Trupchun (2780 m), où le Parc National se termine et où l’Italie commence. Pour le retour, depuis l’Alp Trupchun, on suit le même chemin jusqu’à une bifurcation après environ 500 mètres. Ici, on bifurque à gauche, on traverse le pont et on monte quelques mètres jusqu’à ce que le chemin reste à la même altitude. D’ici, on jouit d'une nouvelle vue sur la vallée et les versants opposés. Après 5 autres kilomètres, nous atteignons le point de départ.
Randonner et soutenir la recherche
Ce que nous n’avons pas remarqué durant notre randonnée : chaque personne qui suit cet itinéraire est enregistrée par un système dans le cadre d’un recensement des visiteurs du Parc National Suisse. Mais pas d’inquiétude, nous ne sommes pas surveillés. Le comptage est réalisé au moyen d’un tapis intégré dans le chemin de randonnée qui enregistre les vibrations émises chaque fois qu’une personne le traverse. Pourquoi un tel système ? L’équipe du Parc National peut ainsi réaliser une analyse spatiale du nombre de visiteurs. Cela permet une certaine gestion des visiteurs : les itinéraires moins fréquentés sont mis en avant afin de désencombrer les itinéraires les plus sollicités. D’autre part, ces données servent de base à des questions sociologiques. Par exemple, elles ont permis d’analyser les effets de la crise du Covid-19 sur le nombre de visiteurs. À propos : lorsque tu vas rendre les jumelles au centre des visiteurs, n’hésite pas à passer un peu de temps dans les salles d’exposition. Tu en apprendras davantage sur la nature du parc ainsi que sur les nombreux projets de recherche et le travail quotidien des équipes du parc. Cependant, il ne te reste plus beaucoup de temps pour venir admirer la nature au Parc National Suisse, car dans quelques semaines, la neige sera trop abondante pour que les chemins de randonnée puissent rester ouverts.
Sur l’auteure
Judith Johannsen a étudié les sciences de l’environnement et les sciences de la terre et a effectué un stage au Parc National Suisse. Pendant quelques mois, elle a participé à différents projets dans le domaine de la géoinformation. Elle est elle-même passionnée de sports de montagne et a déjà exploré la plupart des chemins de randonnée du Parc National.
Photos © Ricco Blass
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