Le recyclage est fascinant. Les techniques modernes permettent de créer du neuf à partir de vieux matériaux. Toutefois, même si les idées derrière le recyclage sont sympathiques et créatives, la mise en œuvre s'avère souvent complexe et semée d'embûches. C'est ce que montre l'exemple de la fondation Argo, qui récupère les vieilles chaussures de ski pour en tirer des matériaux destinés aux imprimantes 3D.
Faire du neuf avec du vieux. Le recyclage consiste à revaloriser les matériaux qui ne sont plus utilisables. En cela, la Suisse est exemplaire. Papier, carton, aluminium, verre et PET – trier soigneusement les déchets et les éliminer en conséquence font presque partie de nos coutumes nationales. Et ce qui est formidable, c'est que le recyclage est presque automatique. Ce n'est pas compliqué, l'effort est minime. Mais la collecte n’est pas tout, de lourds processus sont ensuite nécessaires jusqu’à l’obtention d’un matériau recyclé de haute qualité. Nous observons la même chose dans notre secteur.
La fondation Argo gère depuis maintenant plus de 50 ans des entreprises avec des ateliers protégés répartis sur plusieurs sites dans le canton des Grisons. Elles répondent en premier lieu à des commandes pour l'industrie et l'artisanat de la région. L'un des services proposés par Argo concerne le recyclage. Et ce, pour un produit presque emblématique de la Suisse, surtout du canton des Grisons : les chaussures de ski. Depuis mars 2021, Bächli Sports de Montagne collabore avec la fondation et a déjà collecté 180 paires de chaussures usagées de nos clientes et clients.
Beaucoup d'efforts pour peu de résultats
Dans un premier temps, les chaussures sont triées par couleur et séparées du chausson intérieur. Ensuite, on passe du grossier au fin – à ce stade, la coque en plastique est intéressante. La scie à ruban entre d'abord en action et découpe le matériau en gros morceaux. Ensuite, le processus devient une première fois plus technique. « Après le sciage, les gros morceaux sont mesurés à l'aide d'un spectromètre. Cela permet d'identifier les pièces en plastique TPU, c'est-à-dire en polyuréthane thermoplastique », explique Thomas Bruder qui dirige l'atelier Argo à Davos. Il ajoute : « Une chaussure de ski est composée pour moitié de ce type de plastique. Celui-ci peut être utilisé comme filament pour les imprimantes 3D ».
Les vieilles chaussures de ski servent donc de matière première pour l'impression tridimensionnelle. Mais reprenons : la mesure de la taille des bouts de plastique n’est de loin pas suffisante. Les morceaux grossiers doivent d'abord être déchiquetés et broyés pour obtenir de fins granulés . Des détecteurs de métaux sont utilisés pour s'assurer qu'aucun corps étranger ne se trouve dans le matériau. Enfin, le plastique est coloré si nécessaire puis transformé en filament d'impression par une extrudeuse. Ce processus n'a pas lieu chez Argo, mais à l'Institut pour la technique des matériaux et le traitement des matières plastiques IWK de la Haute école spécialisée de Suisse orientale à Rapperswil.
Recycler n'est pas simple, comme le montre cet exemple d'Argo. Une chaussure de ski ne se transforme pas d'un coup de baguette magique en un tout autre produit – ni une bouteille en verre en quelque chose de complètement nouveau. Chez Argo, on le sait. Par le passé, la fondation a tenté de fabriquer des prises d'escalade à partir de vieilles chaussures de ski. Le projet n'a pas abouti, les prises ne correspondaient pas aux attentes en matière de qualité. Les processus et la mise en œuvre sont complexes, il faut du savoir-faire et, en fin de compte, la fabrication doit être rentable financièrement. Ce dernier point semble être source de frustration.
Une histoire qui pourrait être plus qu’une goutte d’eau dans la mer
« Le plastique est encore trop bon marché à l'achat, nous n'avons jamais réussi à vendre de grandes quantités jusqu'à présent », constate Thomas Bruder, « Personne n'est contraint financièrement d'acheter du filament recyclé ». La réussite du concept a déjà été confirmée à plusieurs reprises. Argo expérimente depuis une vingtaine d'années le recyclage des chaussures de ski et a remporté plusieurs prix avec sa solution de filaments pour imprimantes 3D. « Malgré tout, cela ne reste qu'une goutte d’eau dans la mer, une belle histoire », résume Thomas Bruder.
Il voit d’un œil critique la communication plutôt timide de la part des fabricants et des commerçants et estime que c’est là que réside le problème. Le matériel est collecté et envoyé pour être recyclé, mais sans volonté de comprendre les processus complexes – loin des yeux, loin du cœur. Souvent, l’objectif est juste pour pouvoir bénéficier du label vert de durabilité. Au contraire, il serait important que les commerçants s'impliquent dans les processus de recyclage. Qu'ils expliquent et communiquent. Qu'ils fassent partie des projets – aussi en contribuant financièrement et en donnant du temps. De cette façon, on permettrait à des processus comme la fabrication de filaments 3D à partir de chaussures de ski de mieux fonctionner.
Le recyclage exige que toutes les personnes impliquées s'investissent. Les magasins Bächli Sports de Montagne fonctionnent quasiment comme des points de collecte. Nous réceptionnons les marchandises et les envoyons plus loin. Avec un regard plus autocritique, nous pourrions faire plus. Nous devons être plus transparents, faire preuve de plus de clairvoyance et soutenir les partenaires de recyclage. C'est ce que nous essayons de faire dans un premier temps avec des articles comme celui-ci et une communication globale autour de notre projet de recyclage : https://www.baechli-bergsport.ch/projet-de-recyclage.
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