Alpes suisses. Nous avions décidé d’aborder un peu différemment la grande boucle de la Bannalp, en passant une nuit sous tente. Comme beaucoup de gens, je pensais qu’il s’agirait d’une entreprise assez glaciale. Expérience faite, je peux dire que j’ai eu moins froid à cette occasion que durant un certain nombre de nuits d’été ou d’automne. Mais commençons par le commencement.
Si l’on souhaite camper en Suisse, été comme hiver, il convient de s’assurer au préalable que le camping est autorisé à l’emplacement choisi. Vous trouverez des informations détaillées à ce sujet dans un autre article de blog. Le plus simple est de se rendre sur le site www.map.geo.admin.ch et d’y rechercher les zones de tranquillité, districts francs et parcs nationaux où le camping est interdit.
Après vous être assuré que vous avez le droit de planter votre tente à l’emplacement souhaité, vous pouvez vous intéresser au matériel. En haute montagne, outre les zones interdites, les dangers naturels doivent être mesurés lors de la planification, en particulier durant l’hiver. Les avalanches ainsi que les chutes de glace ou de pierres doivent impérativement être prises en compte. En clair, le campement ne doit pas se trouver en-dessous de pentes raides ou dans leur zone d’écoulement. À proximité des glaciers suspendus ou des séracs, il convient également de maintenir une distance importante, car les blocs de glace brisés peuvent rouler sur 100 mètres et plus, selon le terrain.
Tente et équipement
Concernant la construction des tentes, on distingue deux grandes catégories : les tentes à simple paroi et celles à double paroi. Les tentes à double paroi sont constituées d’une tente intérieure et d’un double toit. Dans ces tentes, il se forme moins de givre à cause de la condensation de la respiration, même en cas de froid intense. En contrepartie, elles sont moins bien protégées du vent en raison de leur construction.
Dans les tentes à simple paroi, il faut prendre en compte le fait que les fentes d’aération doivent toujours être ouvertes, car lorsque les fermetures éclair sont fermées, elles sont quasiment étanches à l’air. Grâce à leur construction, les tentes à simple paroi présentent une meilleure résistance au vent. En revanche, du givre s’y forme inéluctablement. Il existe aussi des tentes coupole, des tentes tunnel et des formes mixtes. Les tentes tunnel sont peu utilisées pour les entreprises alpines. Sur les tentes coupole, les arceaux se chevauchent, offrant une protection contre le vent et les intempéries depuis différentes directions.
En ce qui concerne les tentes à double paroi, je dispose d’une longue expérience, en été comme en hiver, avec les tentes de Vaude, notamment la Taurus UL 2P. Pour les tentes à simple paroi, MSR – par exemple l’Advance Pro 2 – et d’autres fabricants proposent des options.
Si vous utilisez une Taurus UL 2P en hiver, choisissez un campement où l’enneigement est suffisant pour pouvoir creuser un trou. Vous contournerez ainsi le problème du vent et augmenterez vos chances de passer une nuit au chaud.
Durant l’hiver, vous pourrez difficilement stabiliser votre tente avec des sardines normales. Je vous conseille donc de vous organiser un peu différemment. Outre les bâtons de skis, les skis et les piolets, on trouve des sardines spéciales, plus longues, ou des ancrages d’Exped.
Contenu du sac à dos
Le matelas est l’une des pièces d’équipement les plus importantes, car une isolation suffisante contre le sol froid détermine largement la qualité de votre nuit. Pour noter les matelas, les fabricants utilisent la valeur R. R signifie résistance et se classe de 1 à 6. Les valeurs R supérieures à 6 désignent généralement des productions spéciales pour les expéditions polaires. Une valeur R de 1 à 1,5 n’isole que jusqu’à 7 degrés. À partir d’une valeur R de 2,5, nous nous trouvons dans les températures négatives (jusqu’à moins 5 degrés). Pour le camping hivernal, il vaut la peine d’investir dans un matelas doté d’une valeur R entre 5 et 6 (moins 17 à moins 22 degrés). On peut citer par exemple les matelas Exped Downmat UL Winter (valeur R de 7,7) ou Downmat XP 7 M (valeur R de 5,8).
Pour terminer, parlons des sacs de couchage. Si vous voulez passer de belles nuits hivernales à l’extérieur, vous devriez opter pour un sac de couchage en duvet dont la plage de confort descend nettement en-dessous du zéro degré. Mammut, Exped, Mountain Equipment et d’autres fabricants en proposent différents modèles. Je recommande d’opter pour des sacs de couchage en duvet, car ils sont nettement moins encombrants que les modèles en fibres synthétiques pour un pouvoir thermique similaire.
Il ne vous reste plus qu’à acquérir quelques petits accessoires. Pour un coussin confortable, je conseille d’utiliser un petit sac étanche rempli avec une veste non utilisée ou des gants. Les chaufferettes à usage unique peuvent être utiles lors de nuits particulièrement froides. Différents fabricants en proposent, notamment the Heat Company. Elles peuvent être placées dans des chaussettes et rendent les nuits d’hiver plus douillettes.
Pour camper en hiver, un matériel considérable est nécessaire et la taille du sac à dos doit donc être adaptée. Je recommande des sacs d’au moins 40 litres, voire un peu plus selon mon expérience. Le Ducan Spine 50-60L de Mammut représente un bon sac à dos quatre saisons pour le camping. Il est doté d’un compartiment spécial pour le sac de couchage et offre suffisamment d’espace pour tout l’équipement. Lorsque l’on prépare ses affaires, il convient de déposer les objets les plus lourds au fond du sac.
Pour les nuits où les températures sont nettement inférieures au point de congélation, les boissons doivent rester dans le sac de couchage afin qu’elles ne gèlent pas. Il en va de même pour la nourriture contenant de l’eau.
Plus rien ne vous empêche de passer des nuits d’hiver douillettes dans les Alpes suisses. Et avec la bonne préparation, vous aurez envie de réitérer l’expérience. Cet équipement peut également être utilisé en haute montagne durant l’entre-saison, si vous préférez bouder le local d’hiver bondé d’une cabane. Dans tous les cas, n’oubliez pas de vous assurer que vous avez le droit de camper à l’endroit prévu. Si vous avez encore des questions, passez dans un magasin Bächli pour vous faire conseiller.
Au sujet de l’auteur
Maximilian Gierl, 34 ans, exerce l’activité principale de médecin en Suisse. Il est en possession de l’International Diploma of Mountain Medicine et a suivi plusieurs formations lui permettant d’obtenir le titre de« médecin praticien ». Durant ses loisirs, il court les montagnes plus de 200 jours par année, à pied, sur le rocher ou à ski. Outre celui de plusieurs 4000 des Alpes, il a respiré l’air pur des montagnes du Népal. Il rapporte ses courses en mots et en images et partage son savoir-faire sur le blog de Bächli Sports de Montagne ainsi que sur son site web.
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